À un peu plus d’un an de la présidentielle, les chiffres récemment communiqués au Monde par Ipsos et Ifop dévoilent les préférences politiques des jeunes adultes, répartis en deux tranches d’âge: les 18-24 ans et les 25-34 ans. Tandis que les «primo-votants» placent leurs espoirs dans le chef de l’État en fonction, le vote des 25-34 ans bascule vers la présidente du Rassemblement National, faisant ainsi une différence nette avec les résultats de l’élection précédente.
Selon Brice Teinturier, directeur général délégué de l’institut de sondage Ipsos, interrogé par Le Monde, les jeunes trentenaires qui «ont déserté les formations traditionnelles qu’étaient le Parti socialiste et Les Républicains», sont aujourd’hui «à la recherche d’autre chose, des radicalités plus fortes».
«En 2017, c’était Mélenchon et en partie Macron, aujourd’hui, c’est encore un peu Mélenchon et davantage les écologistes, mais avec une forte progression du Rassemblement national», explique M.Teinturier.
Comparaison avec 2017
D’après le sondage Ipsos / Sopra Steria sur la sociologie de l'électorat au 1er tour, la chef du RN a en 2017 «perdu sa suprématie dans l’électorat le plus jeune». Elle a notamment obtenu 21% des votes chez les 18-24 ans en laissant la primauté dans cette tranche d’âge à Jean-Luc Mélenchon. En 2017, avec 30% des votes des électeurs les plus jeunes, le leader de La France insoumise est en effet devenu le champion du vote de la jeunesse. Aujourd’hui seulement 19% des 18-24 ans sont prêts à voter pour lui, détaille Le Monde.
De plus âgés -28% des 25-34 ans- ont quant à eux glissé le bulletin Macron dans l’urne et 24% d’entre eux ont choisi Le Pen en 2017. C’est justement cette tendance qui est désormais renversée, indique Le Monde: en 2022, ils ne seraient plus que 20% à vouloir voter pour le chef de l’État, alors que 29% soutiendraient Marine Le Pen.
«Nous avons donc deux phénomènes intéressants, les 25-34 ans avaient cru en Emmanuel Macron, aujourd’hui en baisse, chez les 18-24 ans, c’est le mouvement inverse», expose M.Teinturier au Monde. Ainsi, la situation est diamétralement opposée chez les 18-24 ans, 29% d’entre eux étant à présent prêts à voter pour l’actuel Président à la prochaine présidentielle, et seulement 20% des «primo-votants» pour la Présidente du RN.
Compte tenu du fait que les jeunes s’abstiennent massivement en général, et que ce sont plutôt les trentenaires qui ont le plus de chances de se déplacer le jour du vote, cette tendance fait plutôt le jeu de Marine le Pen.
Le vote RN chez les jeunes, de plus en plus idéologique
Tandis que le vote lepéniste est assez souvent perçu comme un choix contestataire, Le Monde dévoile une autre tendance inédite: chez les jeunes, il devient de plus en plus idéologique.
«C’est frappant, lorsqu’on leur demande s’il s’agit d’un vote d’adhésion aux idées frontistes ou un vote de rejet des autres partis, le vote d’adhésion a fortement progressé, de 13 % en 1997 à 35 % en 2021, et même à 60 % chez les 18-24 ans», explique au Monde Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut de sondage Ifop. Chez l’ensemble des électeurs de ce parti, le vote contestataire est tout de même important; il s’élève à 40%. Il n’est que de 17 % chez les 18-30 ans.
Future présidentielle
Au fur et à mesure que la présidentielle française approche, les candidatures fleurissent. Outre Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan, ce sont également Xavier Bertrand, Jean Lassale ou encore François Asselineau qui ont déjà annoncé leur ambition.
Espérant avoir une candidature de gauche commune vers l’automne, Yannick Jadot, député européen EELV, a fait part dans une récente interview au Journal du Dimanche de son intention de discuter avec de nombreux dirigeants de mouvements de ce côté de l’échiquier politique -dont Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF) et Benoît Hamon (Génération.s)- d'un programme commun.