Lancée la semaine dernière, la polémique autour des réunions non mixtes de l’Unef a atteint son apogée ce week-end suite aux propos d’Audrey Pulvar qui a admis qu’il ne fallait pas «jeter dehors» la personne blanche, mais qu’on pouvait par contre lui demander de «se taire». Des propos de l’adjointe de la maire de Paris qui ont créé une onde de choc. Un sujet dont s’est emparée Charline Vanhœnacker, humoriste sur France Inter dont la prestation a oscillé entre la volonté des militants RN d’assister à de tels événements et la perplexité de l’humoriste: sans les Blancs, qui aurait signé «le traité sur l’abolition de l’esclavage»?
Rappelant que les réunions en cette année de pandémie sont devenues rares, elle a ironisé sur le fait que dès qu’on apprend qu’il y a une réunion non mixte à 11h00 du matin, soudain tout le monde veut y participer. Elle estime que c’est surtout pour le RN que le thème est d’actualité, ne serait-ce qu’en raison de la vive réaction qu’il a suscité à droite?
«Aujourd’hui, visiblement, il y a des militants du Rassemblement national qui sont tellement en manque de réunions qu’ils rêvent d’aller écouter des Noirs qui parlent de racisme et de discriminations».
Et son ironie sur le RN ne s’arrête pas là. En effet, elle suggère aux juges d’instruction que s’ils souhaitent que Marine Le Pen se déplace dans leurs bureaux d’organiser une réunion non mixte.
«Non-discrimination à l’embauche»
Charline Vanhœnacker a en outre souligné que les Blancs pouvaient apporter «une vraie plus-value» aux réunions, «comme raconter leurs histoires de non-contrôle au faciès ou de non-discrimination à l’embauche» – un écho aux exemples de discrimination que vivent les Noirs – et qu’il ne fallait ainsi pas privilégier la non-mixité. «Les réunions non mixtes accueillent les personnes discriminées. Mais quand les Blancs se plaignent de ne pas pouvoir y participer, ils se sentent discriminés de jamais n’avoir été discriminés».
«La présence des Blancs pour parler des problèmes des Noirs est indispensable, comme la présence des hommes pour parler des problèmes des femmes», avance l’humoriste qui lâche qu’à l’époque coloniale, «les Blancs participaient à toutes les réunions avec les Noirs et ça posait pas de problèmes [...].Je vous rappelle que sans les Blancs, il n’y aurait pas eu grand monde pour signer le traité sur l’abolition de l’esclavage!».
Tollé autour des réunions non mixtes
La pratique avouée par Mélanie Luce, présidente de l'Unef, et argumentée par le souci de «permettre aux personnes touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu'elles subissent», a suscité une avalanche de réactions.
Mais le débat a pris une nouvelle tournure quand Audrey Pulvar a lancé que les personnes blanches qui y assistent doivent «se taire, être spectatrices ou spectateur silencieux».
Réagissant à cette déclaration, Marine Le Pen a estimé que le parquet devait engager des poursuites «pour provocation à la discrimination raciale» contre l’ancienne journaliste. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, a pris sa défense, soulignant qu’Audrey Pulvar n’est pas raciste et qu’elle a «juste compris ce qu'est un groupe de parole».
Audrey Pulvar n'est pas raciste ! Elle a juste compris ce qu'est un groupe de parole. Ceux qui se jettent sur elle, par contre, n'arrivent pas à cacher leur pente sexiste et discriminante. Le débat public s'effondre. Le PS va-t-il défendre sa candidate en Île-de-France ?
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 27, 2021
Nathalie Loiseau, eurodéputée et ancienne ministre, a également réagi. Ne souhaitant pas s’en prendre à Mme Pulvar, elle juge que la France «ne souffre que trop de polémiques stériles».
Je ne veux pas m’en prendre à @AudreyPulvar . Notre pays ne souffre que trop de polémiques stériles. Je veux simplement lui rappeler l’exemple de l’Afrique du Sud, où l’ANC a très tôt rejeté la non-mixité au sein du parti et vaincu l’apartheid dans le pays le plus clivé du monde.
— Nathalie Loiseau (@NathalieLoiseau) March 28, 2021
En réaction, les internautes lui ont rappelé son passé auprès de l’Union des étudiants de droite, décrite par Mediapart comme «un syndicat né sur les cendres du GUD» (Groupe union défense).