À couteaux tirés avec plusieurs puissances occidentales, notamment la France, sur sa conception des droits de l’homme, la Chine a renvoyé la balle. Pékin a en effet publié son rapport annuel sur les violations des droits de l'homme aux États-Unis, établi par le Bureau de l'information du Conseil des affaires de l'État.
En cette période de pandémie, le document met notamment l’accent sur la gestion «chaotique» de la crise sanitaire et accuse les autorités américaines d’avoir «délibérément minimisé le risque d'épidémie» à ses débuts. Des errements ayant rendu la pandémie incontrôlable selon le rapport, qui rappelle que les États-Unis déplorent l’un des pires bilans face au coronavirus, avec plus de 500.000 morts.
Sur un plan social, Pékin s’interroge également sur la flambée de crimes violents durant l’épidémie. Malgré les restrictions sanitaires, le rapport note ainsi que le taux de criminalité n’a cessé de grimper dans les grandes villes. Un constat qui va de pair avec l’augmentation des achats d'armes à feu en 2020, note encore le document.
Racisme «systémique, global et continu»
Les autorités chinoises mettent encore l’accent sur la prédominance de la question raciale aux États-Unis et sur les discriminations qui en découlent. Alors que s’est récemment ouvert le procès de Derek Chauvin, policier soupçonné du meurtre de George Floyd, le rapport dénonce ainsi l’existence d’un racisme «systémique, global et continu» au pays de l’oncle Sam. Racisme qui vise la communauté afro-américaine mais aussi les Amérindiens, trop souvent considérés comme des «citoyens de seconde zone» par Washington, selon le rapport.
Le document revient par ailleurs sur la réponse policière aux manifestations ayant suivi la mort de George Floyd, et critique le sort réservé aux journalistes à cette occasion.
Dans le sillage de la pandémie, les autorités chinoises dénoncent encore les discriminations dont souffrent de plus en plus d’Asiatiques aux États-Unis. Un sujet d’une brûlante actualité, après les fusillades ayant eu lieu dans trois salons de massages d’Atlanta le 17 mars, qui ont coûté la vie à huit personnes dont six d’origine asiatique. Joe Biden et Kamala Harris s’étaient d’ailleurs rendus sur place à cette occasion.
Pékin cible des critiques
La parution de ce rapport intervient en pleine montée des tensions entre la Chine et plusieurs pays occidentaux. Le 22 mars, l’Union européenne et les États-Unis avaient ainsi annoncé des sanctions contre plusieurs officiels chinois pour «graves violations des droits humains» à l’encontre de la minorité musulmane ouïghoure.
Pékin avait riposté en ciblant à son tour 10 responsables européens, dont l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, très critique sur le traitement chinois des Ouïghours, qu’il a qualifié à plusieurs reprises de «crime contre l'humanité».
Face au pire crime contre l’humanité de notre temps, le Président qui voulait « renouer avec l’héroïsme en politique » demande l’envoi d’observateurs de l’ONU (0 chance) et un « dialogue exigeant » avec Pekin. Ni sanction, ni action. Un « héros » si lâche..#Ouighour #macronbrut
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) December 4, 2020
En France, l’ambassadeur de Chine a par ailleurs été convoqué au Quai d’Orsay pour des propos adressés sur Twitter à un journaliste, cette fois-ci à propos d’une éventuelle visite de parlementaires français à Taïwan.
En Amérique du Nord, Pékin avait déjà eu maille à partir avec Ottawa fin février, suite à l’adoption par le parlement canadien d’une motion dénonçant un «génocide» contre les Ouïgours dans le Xinjiang.