Fin janvier, l'Agence régionale de santé a annoncé qu’il n'y avait pas suffisamment de doses de vaccins contre le coronavirus en Ile-de-France. La direction de l'Hôpital américain de Paris, établissement privé de Neuilly-sur-Seine, a elle procédé à la vaccination contre le coronavirus d'une vingtaine de ses «gouverneurs», ainsi que de certains de ses donateurs, a appris Franceinfo de sources concordantes.
Contacté par le média, l’Hôpital américain de Paris confirme avoir vacciné «toutes les personnes volontaires et éligibles intervenant dans l’hôpital (médecins, soignants, administratifs, gouverneurs, prestataires de ménage, de sécurité et de restauration, volontaires bénévoles) selon les critères du ministère de la Santé et conformément aux directives des autorités sanitaires», sans préciser ni les identités ni les âges des vaccinés.
Des questions
Bien que la campagne de vaccination des Français de plus de 75 ans et des personnes atteintes de pathologies à haut risque ait débuté le 18 janvier, le gouverneur honoraire de l’Hôpital américain et ancien ministre délégué à la Santé, Bruno Durieux, a pourtant raconté à Franceinfo qu’il avait été appelé pour «se faire vacciner à la médecine du travail de l’Hôpital américain le 14 janvier dernier» et qu’il avait reçu «sa seconde dose début février».
La question de l’âge interroge aussi. Parmi ces «gouverneurs» figurent le millionnaire Arnaud Lagardère (et la femme de Bruno Bouygues, Helen Lee Bouygues), qui sont âgés de moins de 60 ans.
Franceinfo ajoute que «d’éminents donateurs et membres âgés de leurs familles ont également été invités à bénéficier des premières injections Pfizer».
Un cas non isolé
Vu la pénurie de vaccins en France et les lenteurs de la campagne vaccinale, «la priorité accordée à la vaccination des dirigeants administratifs et aux puissants gouverneurs – même âgés – a provoqué courant janvier de vives réactions au sein de l’établissement de santé privé franco-américain», poursuit Franceinfo, qui explique que cette pratique ne serait pas isolée.
Un syndicaliste de la Fédération Santé Sociaux de la CFDT Île-de-France a ainsi confirmé sous couvert d’anonymat:
«Dès le début de la campagne nationale de vaccination, des collègues en clinique m’ont évoqué des injections coupe-files pour contourner la pénurie ou l’incertitude d’un rendez-vous dans un centre de vaccination. Une collègue d’une clinique parisienne a vu un médecin, sa femme et ses deux enfants vaccinés de la sorte».
La Santé réagit
Interrogé sur Franceinfo, Olivier Véran a assuré qu'il n'acceptera aucun «passe-droits».
«Nous protégeons les plus fragiles par ordre de priorité quel que soit l'endroit où on se trouve sur le territoire national et quelle que soit sa condition sociale. Je n'accepterais pas qu'il y ait des passe-droits et s'il y en avait, ce serait regrettable. Et je le dirais aux intéressés», a déclaré le ministre de la Santé.