«C'est un mal pour un bien»: un soldat français blessé lors d'une attaque terroriste au Mali témoigne

© AFP 2024 DOMINIQUE FAGETLogo de l'opération Barkhane (archive photo)
Logo de l'opération Barkhane (archive photo) - Sputnik Afrique
S'abonner
Un blindé français s'est interposé le 8 janvier entre un convoi escorté par des soldats de l'opération Barkhane et un véhicule kamikaze qui s'est fait exploser. Les six membres de l’équipage du blindé ont été blessés. L’un d’eux témoigne aujourd’hui pour Franceinfo.

Le 8 janvier, un véhicule suicide explosait au passage d'un convoi protégé par les soldats français de l'opération Barkhane, dans le centre du Mali. L'attentat a fait six blessés et aurait pu faire de nombreux morts si un blindé français ne s'était pas interposé. Les six blessés, membres de l'équipage du véhicule, ont été rapatriés en France. L’un d’entre eux, le caporal-chef Jordan, a témoigné auprès de Franceinfo.

Il est notamment revenu sur les circonstances de l’attentat. Le blindé des soldats français roulait sur le côté pour protéger les flancs du convoi. Le véhicule kamikaze est arrivé par une petite piste qui croisait son itinéraire. L’équipage du blindé a fait les sommations nécessaires, mais le conducteur a continué à avancer.

«Ce n'était pas du tout suspect […] On s'est mis en travers de sa route pour le bloquer. On lui a encore dit de dégager […] puis j'ai vu qu'il a baissé sa main pour appuyer sur quelque chose et c'est là où ça a explosé», raconte-t-il à la radio.

La déflagration

Il affirme que si le kamikaze avait réussi à s'insérer dans le convoi, les dégâts auraient été plus importants.

«Étant donné la charge qu'il avait, il n'y aurait pas eu que des blessés. Les autres véhicules dans le convoi n'étaient pas blindés, il y avait une citerne à essence, les FAMa (Forces armées maliennes) qui étaient derrière en pick-up. Quand on m'a évacué dans le véhicule sanitaire, ils m'ont dit que ça avait même soulevé leur véhicule alors qu'il était 100 mètres sur leur gauche.»

Toutefois, le caporal-chef Jordan estime que l’équipage a simplement fait son travail.

«Pour moi, c'est un mal pour un bien. Jusqu'à dire que c'est un acte héroïque, non […] On a fait ce qu'on nous a appris à faire. On ne nous a pas appris à devenir des héros. Dans notre véhicule, on n'a pas eu de mort. C'est le principal.»

Il a également répété au média les paroles du commandant de l’unité.

«On a fait notre job, on a sauvé des vies, c'est ce qu'il nous a dit.»

Pour ce qui est de l’instant qui a suivi l'explosion, le militaire indique qu’ils ont «tous été écrasés à l'intérieur» de leur véhicule et qu’il était «sonné». Il se rappelle aussi avoir tenté de panser le bras d’un collègue blessé.

«Je n'ai pas pu le faire car mon corps me lâchait, je n'ai pas eu le temps de poser le pansement avant de m'écrouler. J'aurais aimé faire mieux.»

Il a également exprimé sa gratitude à l’auxiliaire sanitaire qui «a vraiment rempli sa mission parfaitement» et qui «a fait un super boulot».

La mission Barkhane

L’attaque dans laquelle ont été blessés les six soldats de la force antidjihadiste Barkhane est la troisième perpétrée depuis fin décembre contre les militaires français qui ont déjà déploré cinq morts sur cette période. Ainsi, le total s’élève à 50 soldats tués depuis le début de l’intervention française en 2013 au Sahel.

La France déploie 5.100 soldats au Sahel aux côtés des armées du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger). Un sommet est prévu pour la mi-février pour évaluer la situation.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала