Plusieurs députés LREM se sont livrés à un ping-pong de commentaires sur Twitter, à propos de la notion de «privilège blanc».
Ce concept avait fait irruption sur la scène politique suite à un entretien d’Emmanuel Macron paru dans L’Express, dans lequel le Président affirmait qu’«être un homme blanc [pouvait] être vécu comme un privilège» en France, pour trouver un emploi et un logement notamment.
Le terme avait ensuite été repris explicitement sur LCI par Élisabeth Moreno, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.
Des prises de position qui n’ont pas plu à certains membres de la majorité. La députée des Yvelines Aurore Bergé a ainsi déclaré sur Twitter que les droits humains n’avaient «rien à voir avec un quelconque privilège», tout en relayant une vidéo de l’écrivain Tania de Montaigne, elle aussi très critique sur le sujet.
A écouter.
— Aurore Bergé (@auroreberge) December 27, 2020
Les droits humains n'ont rien à voir avec un quelconque privilège. https://t.co/UswEb9P4D8
François Jolivet, député de l’Indre, a lui aussi fustigé la récente intervention d’Élisabeth Moreno. Il dénonce des propos «choquants», dans lesquels il voit une résurgence du «principe de hiérarchisation des races», cher au XIXe siècle.
Dans la bouche d'une Ministre de la #République, ces propos sont choquants et reproduisent le principe de hiérarchisation des "races" du 19ème siècle. Députés de la Nation, nous avons précisément supprimé le mot "race" de la Constitution. Pour info. https://t.co/w6ceL2oUUG
— François Jolivet (@FJolivet36) December 27, 2020
Mais le député s’est aussitôt vu renvoyer la balle par plusieurs de ses confrères LREM. Fiona Lazar, députée du Val-d’Oise lui a ainsi répondu qu’il s’exprimait lui-même comme un privilégié.
Parole de privilégié ! https://t.co/Bsv8LJMFcV
— Fiona Lazaar (@FionaLazaar) December 27, 2020
Alors que Patrice Anato, député de Seine-Saint-Denis, l’a accusé de «faire l’autruche» et de se perdre dans une «insurrection stérile» face à la question des inégalités.
Que l'expression te plaise ou pas, appelle-le alors comme tu veux mais faire l'autruche ne résout pas le problème. Et la République indivisible n'a pas réussi à enrayer toutes les inégalités et les discriminations. Ton insurrection est stérile !
— Patrice Anato (@Patrice_Anato) December 28, 2020
La députée de Paris Laetitia Avia a pour sa part salué les «mots justes» d’Élisabeth Moreno sur LCI, dénonçant elle aussi une «politique de l’autruche» sur ces questions.
Des mots justes pour répondre aux maux que subissent tant de nos concitoyens. Merci @1ElisaMoreno de savoir et oser nommer les choses. La politique de l’autruche ne nous permettra pas d’avancer. Votre action et votre détermination le feront. https://t.co/JXdWgQfRj0
— Laetitia Avia (@LaetitiaAvia) December 27, 2020
La discussion entre cadres LREM s’est poursuivie en interne, sur une boucle Telegram où la notion de «privilège blanc» a de nouveau fait parler, rapporte le HuffPost.
Sphère antiraciste
La notion de «privilège blanc» avait été introduite dans le champ politique par divers militants antiracistes. L’expression s’est ainsi souvent retrouvée dans la bouche de l’éditorialiste et essayiste Rokhaya Diallo.
Ne pas penser au racisme est un luxe que seules les Blanc.he.s peuvent s’offrir (privilège blanc). Étant confronté.e régulièrement aux multiples expressions du racisme quand on est arabe, asiatique, noir.e, on ne peut pas se permettre d’oublier son existence même si on adorerait. https://t.co/ck0wUst78h
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) May 6, 2019
L’ancien footballeur Lilian Thuram avait également déclaré qu’il fallait être blanc «pour ne pas avoir conscience» de l’existence d’un tel privilège.
En juin, un sondage Ifop-Fiducial révélait en outre que 32% des Français reconnaissaient l’existence de ce «privilège blanc».