Comment endiguer la multiplication des fêtes illégales qui pullulent depuis le début de la crise sanitaire? La police scrute les réseaux sociaux, comme Snapchat ou Instagram, à l’affût du moindre faux pas des organisateurs ou des participants. Or la tâche n’est pas aisée face à des réunions par définition secrètes. Heureusement pour la maréchaussée, les murs ont des oreilles!
Denis Jacob, secrétaire général d'Alternative police, confirme au micro de Sputnik qu’une «partie des renseignements territoriaux suit ce qui se passe sur les réseaux sociaux». Ces investigations «permettent d’apprendre que des soirées vont être organisées».
«Si un événement en préparation attire notre attention et qu’il peut effectivement poser un problème grave d’un point de vue sanitaire, dès lors qu’on l’a identifié et localisé, c’est tout un dispositif qui sera prévu», détaille-t-il.
Malheureusement, comme l’explique Denis Jacob, «ce genre de situation n’est pas encore arrivé». En effet, les organisateurs de ce type d’événement redoublent de prudence, car les sanctions sont lourdes. Les contrevenants encourent un an de prison et 15.000 euros d’amende pour «mise en danger de la vie d’autrui».
Scruter les réseaux sociaux à l’affût d’informations
Denis Jacob précise que, à sa connaissance, il n’y a pas de cas en France où quelqu’un aurait appelé la police pour dénoncer expressément une fête illégale en tant que telle. Les forces de l’ordre peuvent néanmoins compter sur les signalements du voisinage pour tapage nocturne. «C’est surtout quand c’est très bruyant» que les gens nous appellent.
«C’est le fait du hasard. À l’image de ce qui s’est passé à Marseille. […] En règle générale, le motif initial de l’intervention est le tapage nocturne puis cela nous amène à découvrir des fêtes clandestines, interdites par la situation sanitaire», souligne le syndicaliste. Un coup de chance qui n’est d’ailleurs pas sans risque, car «cela change le cadre de l’intervention».
«Quand vous êtes à trois ou même à six pour intervenir sur une soirée clandestine, comme à Marseille où ils sont 500, il vaut mieux agir avec pédagogie dans une démarche préventive», poursuit Denis Jacob.
«Balancer» son voisin pour le bien commun?
En outre, le secrétaire général d'Alternative police note que, d’une manière générale, il y a un changement de dynamique dans les signalements pour non-respect des mesures anti-COVID. En effet, lors du premier confinement, la répétition des appels était «assez gênante pour mener les missions du quotidien de la police». «Des gens signalaient que leurs voisins sortaient dix fois leur chien, faisaient des barbecues ou que des gamins jouaient au foot dans la rue», se remémore Denis Jacob.
Selon son syndicat, la délation représentait jusqu’à 70% des appels dans les grandes agglomérations en mars dernier.
«Durant ce second confinement, il n’y a pas eu à ma connaissance d’appels récurrents concernant des gens qui ne respecteraient pas les directives gouvernementales», avance Denis Jacob.
D’ailleurs, comment pourrait-on expliquer que des personnes dénoncent leurs concitoyens? Pour le sociologue Michel Maffesoli, auteur du Temps des tribus (éd. de la Table ronde, 2000), c’est une des conséquences de la «stratégie de la peur» mise en place par le gouvernement autour de la crise sanitaire.
«Quand il y a une stratégie de cet ordre, cela peut susciter l’apparition de mercenaires. Les délateurs, c’est ça», explique-t-il au micro de Sputnik.
Cependant, le sociologue préfère nuancer: «Il ne faut pas s’affoler outre mesure, je crois beaucoup plus à une réaction saine de la population face à cette espèce de confinement. Je ne crois pas en l’importance de ces délateurs. Je doute que cela prenne une importance démesurée.»