Des sources diplomatiques ont confié au journal koweïtien Al-Rai que la France n’avait pas jeté l’éponge quant à sa contribution à la résolution de la crise politique au Liban par la formation d’un gouvernement de technocrates. Selon elles, la dernière lettre adressée par Emmanuel Macron au chef de l’État libanais à l’occasion de la fête de l’indépendance (22 novembre 1943) atteste de «deux dimensions parallèles» qui laissent croire que l’initiative française est toujours sur la table. En octobre, l’ex-Premier ministre Saad Hariri avait affirmé dans une déclaration à la presse que l’initiative de Macron était la seule issue à la crise libanaise à même «d’éviter un effondrement généralisé» du pays.
«La première dimension est que la France n'a pas encore levé le drapeau blanc concernant son initiative de former un gouvernement de technocrates non partisans qui sera chargé de mettre en œuvre le programme de réformes soutenu par la communauté internationale», affirme le média, soulignant que «cette initiative était la dernière opportunité disponible pour épargner au Liban le désastre auquel Macron a fait allusion dans son message».
Dans sa lettre adressée au Président Aoun, Emmanuel Macron a indiqué que ce que réclame le peuple libanais depuis plus d'un an «peut encore être mis en place». «Répondre à ces revendications est de votre devoir, en tant que chef d'État», a-t-il ajouté, appelant son homologue libanais à «inviter toutes les forces politiques libanaises à mettre de côté leurs intérêts personnels, confessionnels et partisans pour réaliser l'intérêt suprême du Liban et l'intérêt du peuple libanais».
La mise en garde de Saad Hariri
Lors d’une interview accordée en octobre à la chaîne M TV, l’ex-Premier ministre a affirmé que la feuille de route proposée par le chef de l’État français était le seul moyen «d’éviter un effondrement généralisé» du pays. Il a dans le même sens tiré la sonnette d’alarme contre «un risque imminent» de déclenchement d’une «guerre civile» au Liban.
«Si nous travaillons selon l'initiative française, nous pouvons sortir de la crise et reconstruire Beyrouth [après l’explosion de son port début août qui l’a dévastée, ndlr]», a-t-il déclaré, accusant les deux mouvements chiites Hezbollah et Amal «d’avoir bloqué la proposition française qui aurait mis fin à la crise».
La réaction du Hezbollah
Auparavant, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a réfuté, lors d’un discours télévisé diffusé par la chaîne Al-Manar proche de son parti, les accusations du Président Macron qui l’avait tenu pour responsable, avec le mouvement Amal dirigé par Nabih Berri, de l’échec de son initiative pour la formation d’un nouveau gouvernement sous la présidence de Moustapha Adib.
«Si vous voulez trouver qui en dehors du Liban a fait capoter votre initiative, cherchez du côté des Américains et du roi Salmane d’Arabie saoudite, notamment son dernier discours», a-t-il déclaré. «Nous n’acceptons pas que vous nous accusiez d’avoir commis une trahison, et nous rejetons et condamnons ce comportement arrogant», a-t-il ajouté.