Bruno Le Maire, reçu par Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV ce vendredi 16 octobre, a évoqué le différend commercial entre Boeing et Airbus ayant mené à des sanctions américaines. Alors que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a donné mardi son feu vert pour que l’UE riposte, le ministre estime que l’Europe doit «se préparer et décider» à imposer à son tour des surtaxes contre les importations américaines.
L’Organisation mondiale du commerce autorise l’Union européenne à surtaxer de 4 milliards de dollars les importations américaines. L’Europe doit se préparer à le faire. Elle doit riposter. Nous ne devons pas rester impuissants face aux sanctions américaines. #BourdinDirect pic.twitter.com/kUr1Lo6pGw
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) October 16, 2020
Il a confirmé qu’il demanderait, après une discussion avec son homologue allemand prévue ce vendredi, à l’Union européenne d’imposer des sanctions économiques contre les États-Unis. «Les États-Unis imposent des sanctions à l’Europe au titre de ce fameux conflit Boeing-Airbus», rappelle-t-il.
«L’OMC autorise l’Europe à imposer des sanctions aux États-Unis. Les États-Unis ne se sont pas gênés pour le faire», insiste-t-il. «Il faut que l’Europe se prépare à imposer des sanctions parce qu’elle en a le droit et parce qu’elle en a la force.»
Il s’agit de droits de douane qui concernent quatre milliards de dollars (3,4 milliards d’euros) de marchandises en provenance des États-Unis vers l’Europe, tandis que ceux américains sont appliqués sur 7,5 milliards de dollars d’importations, détaille Reuters.
L’affaire Boeing-Airbus
Plus tôt cette semaine, un communiqué commun de Bruno Le Maire et son ministre délégué chargé du commerce Franck Riester évoquait un «contentieux vieux de 16 ans» opposant les deux constructeurs aéronautiques qui a longtemps plombé les relations commerciales entre Washington et Bruxelles. «Il est temps de trouver une solution afin que les droits de douane puissent être supprimés des deux côtés de l'Atlantique», informent-ils dans le document.
En 2004, Boeing avait saisi l’OMC, affirmant qu’Airbus, premier du marché mondial dans le secteur des avions civils, avait rompu les termes d’un accord bilatéral de 1992 en touchant des aides financières qui lui ont permis de prendre cette place. Le constructeur européen avait dans la foulée accusé son concurrent américain de bénéficier de crédits d’impôts du gouvernement.
Le conflit commercial a perduré sous Donald Trump, lequel a ordonné en octobre 2019 la mise en place de tarifs douaniers sur des biens importés d’Europe, notamment sur les vins et spiritueux français, les fromages néerlandais ou encore l’huile d’olive espagnole. Après un report jusqu’à décembre de la taxe sur les Gafa, la France espère cette fois des contre-mesures à l’échelle européenne.