État d’urgence prorogé au Togo: Lomé a-t-il snobé la Banque mondiale?

CC BY-SA 2.0 / Dan Sloan / Lomé Grand MarchéThe Lomé Grand Marché with the Cathédrale du Sacré Coeur. Lomé, Togo
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Au Togo, la prorogation pour 6 mois de l’état d’urgence sanitaire au nom de la riposte au Covid-19 fait des mécontents au sein de la société civile qui vit difficilement depuis avril 2020 ce régime restrictif des libertés publiques. Elle dénonce une décision «incompréhensible» qui va tuer un peu plus l’économie du pays déjà à terre.

Au Togo, la société civile trouve «incompréhensible» la nouvelle prorogation pour six mois de l’état d’urgence sanitaire décidée le 15 Septembre 2020 dans le cadre de la riposte à la pandémie de Covid-19. Elle dénonce une décision qui porte un coup dur à l’économie togolaise, et au pouvoir d’achat des Togolais, au moment où la Banque mondiale recommande à l’État de prendre de nouvelles dispositions pour faciliter sa relance.

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C’est principalement la LCT -Ligue Togolaise des Consommateurs du Togo- qui donne de la voix une semaine après l’adoption par les députés de deux projets de loi, prorogeant l’état d’urgence sanitaire et habilitant le gouvernement à prendre des ordonnances pour protéger les Togolais contre l’épidémie due au coronavirus pour 6 mois supplémentaires.

« L’économie du pays est au point mort et la situation risque d’empirer si l’on continue à cette allure. Et je trouve inacceptable et incompréhensible que le gouvernement demeure sur cette lancée. Surtout que se pose le problème de la relance économique du pays après le coup dur de la pandémie, selon le dernier rapport de la Banque mondiale» a confié à Sputnik Emmanuel Sogadji, Président de la LCT.

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Dans la première édition du rapport sur la situation économique au Togo face à la pandémie de Covid-19, publiée le 08 Septembre 2020, la Banque Mondiale (BM) annonçait que la croissance économique du Togo pourrait baisser de 5,3 % en 2019 à 1 % en 2020. Pour relancer et atteindre son niveau d’avant, à l’horizon 2022, elle a recommandé à l’État togolais de «lever les contraintes structurelles au développement du secteur privé», en misant sur l’investissement privé comme levier de relance économique en vue de «renforcer la résilience du pays face aux vulnérabilités économiques et sociales révélées par la crise».

En prorogeant l’état d’urgence sanitaire de six mois, «l’État togolais n’est pas en phase avec la recommandation de l’institution financière mondiale», selon le président de la ligue des consommateurs du Togo. Cela relève d’une «déduction simple», affirme-t-il.

«Le gouvernement n’a toujours pas pris en compte les recommandations de la Banque Mondiale. Sinon, comment voulez-vous que les investisseurs reprennent confiance et viennent investir au Togo si le pays reste sous état d’urgence sanitaire pour une si longue période? Non, ils ne viendront pas. Or, c’est ce que recommande la Banque mondiale et ça passe aussi par la réouverture des frontières».

​La prolongation de l’état d’urgence n’a pas été favorablement accueillie par une partie de l’opinion publique. Sur les réseaux sociaux, des internautes ont fait part de leur agacement, au vu notamment des restrictions de la liberté de circulation induites par l’état d’urgence.

​Pour rappel, l’état d’urgence a été décrété, pour la première fois dans l’histoire récente du Togo, par le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé au début de la pandémie à coronavirus, d’avril 2020 pour une durée de 3 mois.

En juin, ce régime restrictif des libertés publiques, qui s’est accompagné de la fermeture des frontières et de la mise en quarantaine de quelques villes où la limitation des rassemblements, a ensuite été prorogé de 90 jours, à raison deux fois 45 jours avant de l’être pour une troisième fois le 15 septembre 2020. Au 22 septembre, le pays enregistrait quelque 1.683 cas.  

Faure Gnassingbé, qui a démarré en pleine crise sanitaire (mai 2020), son 4e mandat de cinq ans, gouverne le pays depuis lors par ordonnances, sans conseil des ministres. Ces derniers interdisent ou autorisent des activités publiques par simples communiqués. Cela cristallise, par ailleurs, la situation socio-politique dans le pays.

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