Une statue d'un ancien Premier ministre canadien accusé d'avoir mis en œuvre une politique d'assimilation forcée des populations autochtones a été déboulonnée le 29 août à Montréal, lors d'une manifestation antiraciste.
La statue de bronze du premier Premier ministre canadien John A.Macdonald, régulièrement vandalisée ces dernières années, gisait en fin d'après-midi à quelques mètres de son piédestal, selon un journaliste de l'AFP sur place. La tête s'est détachée dans la chute et a roulé quelques mètres plus loin.
Statue taken down today in so-called #Montreal #BlackLivesMatter #DefundPolice #manifencours #decolonize Kanada pic.twitter.com/0TYGayWUiK
— Nore (@noreornot) August 29, 2020
La statue, qui trônait sur la Place du Canada depuis 1895, a été déboulonnée par un petit groupe en milieu d'après-midi lors d'une manifestation de quelques centaines de personnes en faveur d'une réduction du financement de la police.
Protesters topple John A. Macdonald statue, demand police defunding https://t.co/HyckxD1vPP pic.twitter.com/6fYuLj9G1L
— Montreal Gazette (@mtlgazette) August 29, 2020
John A Macdonald statue toppled in Montreal. H/t @JaggiMontreal #defundthepolice pic.twitter.com/xhZVnIitg7
— Michael Bueckert (@mbueckert) August 29, 2020
La police a immédiatement ordonné la dispersion de la manifestation, organisée à l'appel d'un collectif de défense des personnes noires et autochtones. Elle n'a procédé à aucune arrestation, a précisé une porte-parole jointe par l'AFP.
Plusieurs organisateurs cités par les médias locaux ont toutefois affirmé que ce déboulonnement les avait pris par surprise.
«Génocide culturel»
Le gouvernement de John A.Macdonald, qui a dirigé le pays à la fin du XIXe siècle, est accusé d'avoir cherché à assimiler les peuples autochtones en les enrôlant de force dans des pensionnats où la pratique de leurs langues était interdite. Cette politique a été qualifiée de «génocide culturel» par une commission d'enquête en 2015.
La maire de Montréal, Valérie Plante, a condamné ces «actes de vandalisme».
«De tels gestes ne peuvent être acceptés ni tolérés», a-t-elle déclaré dans un communiqué. «Nous savons que certains monuments historiques, ici comme ailleurs, sont au cœur de débats émotifs. Je réitère que je privilégie de les mettre en contexte plutôt que de simplement les retirer».
Même indignation du Premier ministre du Québec, François Legault.
Quoique l’on puisse penser de John A. MacDonald, détruire un monument ainsi est inacceptable.
— François Legault (@francoislegault) August 29, 2020
Il faut combattre le racisme, mais saccager des pans de notre histoire n’est pas la solution.
Le vandalisme n’a pas sa place dans notre démocratie et la statue doit être restaurée.
Les statues à l'effigie de Macdonald, l'un des pères fondateurs du Canada moderne, font l'objet de polémiques dans plusieurs villes du pays. En 2018, un monument le représentant avait été retiré de l'hôtel de ville de Victoria, en Colombie-Britannique, rappelle Radio Canada.
Mouvement de colère
La manifestation organisée samedi à Montréal, ainsi que dans plusieurs autres villes du Canada, intervient quelques jours après qu'un autre Afro-Américain, Jacob Blake, a été grièvement blessé par un policier qui lui a tiré sept balles dans le dos à Kenosha, dans le Wisconsin, alors qu'il résistait à son interpellation.