L’incendie dans la cathédrale de Nantes présente «un caractère christianophobe affiché, ouvert ou non», selon Poisson

© Photo Pixabay / barskefranck / NantesVue de la ville de Nantes, avec sa cathédrale
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Le bénévole rwandais possédant les clés de la cathédrale de Nantes avoue y avoir mis le feu. Si l’État assure prendre en charge les travaux de restauration, à qui revient la responsabilité de la sécurisation des hauts lieux du patrimoine français? Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, donne son avis au micro de Sputnik.

Une semaine après l’incendie dans la cathédrale de Nantes, un bénévole sans-papiers, d’origine rwandaise et objet d’un ordre d’expulsion, a avoué être l’auteur des faits. Ainsi, accueilli au sein du diocèse, il s’est retourné contre la paroisse qui a fait preuve de charité à son égard.

Pour Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate (PCD), c’est un témoignage du fait, «relativement nouveau», que dans la société française, il y a «quelque chose qui devient de plus en plus brutal, une espèce de violence généralisée qui s’installe

«Les actes d’agression commis contre les édifices religieux ou édifices de mémoire, comme les monuments aux morts, s’installent dans ce contexte violent», déplore Jean-Frédéric Poisson.

Estimant que le christianisme «est peut-être plus exposé que les autres», puisqu’il reste «historiquement» la religion «dominante», le président du PCD rappelle l’existence de son rapport «Du respect des morts à la mort du respect», rendu à l’Assemblée nationale en 2008. Le rapport recensait à l’époque plus d’un acte de violence par jour contre les édifices et les lieux religieux, les cimetières et les lieux de mémoire.

«Je crois que dans l’acte de Nantes, il existe un caractère christianophobe affiché, ouvert ou non», estime M. Poisson.

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Par contre, pour l’homme politique, les causes de cet acte sont multiples: «la violence structurelle qui s’accroît, la position dominante du christianisme, la difficulté de transmettre le respect à l’égard de ce qui nous dépasse, un discours ambiant antireligieux».

Les réfugiés au sein de l’église

En ce qui concerne l’attitude de l’Église catholique à l’égard des sans-papiers, qui cherchent souvent refuge dans ses murs, Jean-Frédéric Poisson avoue qu’il est difficile pour lui de «faire le tri», alors que «chacun d’entre nous» est confronté à une double exigence: «respecter l’ordre public, la consigne, la règle, d’un côté et venir au secours de celui qui en a besoin, de l’autre.»

«C’est toute la différence entre l’attitude politique et l’attitude charitable. Cette dualité existe également pour l’institution de l’Église, même si dans beaucoup de ses attitudes existe une forme d’irénisme, c’est-à-dire vouloir voir les choses en rose a priori», assure le président du Parti chrétien-démocrate.

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Pour M. Poisson, cet équilibre est politique et «l’Église ne devrait pas pouvoir s’y soustraire», parce qu’«elle dépend largement» des orientations prises par les pouvoirs publics.

«Je pense qu’il y a un meilleur équilibre à trouver dans les sociétés occidentales entre l’exigence de charité –qui est notre tradition– et la réalité de ce que nous pouvons supporter», insiste-t-il.

Le bénévole d’origine rwandaise, réfugié en France depuis quelques années, était soumis à une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis novembre 2019. Il restait néanmoins parmi les sept bénévoles de la cathédrale de Nantes.

«L’ordre public doit être respecté»

Pour le président du PCD, pas de doute, «l’ordre public doit être respecté» et la personne concernée devrait être expulsée sans qu’«une quelconque association» n’essaie de l’aider à rester sur le territoire.

«Est-ce que l’Église l’a fait [accueilli, ndlr] en tant qu’institution ou est-ce une affaire de quelques personnes, la justice le dira. Je vois difficilement l’évêque de Nantes s’opposer à une décision de l’État», assure Jean-Frédéric Poisson.

La version de «quelques personnes» qui auraient pris «sur leur responsabilité ou leur initiative» de protéger le sans-papiers en voie d’être expulsé du territoire semble plus plausible à Jean-Frédéric Poisson, «mais c’est une faute, on n’a pas droit de faire ça, surtout en France, où les droits de tous sont garantis», souligne-t-il.

«Malheureusement, l’incendie de la cathédrale de Nantes est la conséquence extrêmement malheureuse et douloureuse de cette forme d’irresponsabilité», déplore Jean-Frédéric Poisson.
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