Le Canada, eldorado de l’immigration… clandestine? Le 8 juillet dernier, le Bureau du vérificateur général du Canada a déposé un important rapport faisant état de l’existence de 35.000 étrangers, dont l’expulsion avait été ordonnée par les autorités. Entre 2016 et 2019, 9.500 étrangers ont été expulsés du territoire canadien, alors que 35.000 personnes supplémentaires auraient dû l’être, selon les informations de cet organisme indépendant de la fonction publique fédérale.
«Nous avons conclu que l’Agence des services frontaliers du Canada n’avait pas expulsé du pays dès que possible la majorité des étrangers visés par une mesure de renvoi», peut-on lire dans le rapport jugé dévastateur par la presse.
Dans un échange avec Sputnik, Judith Gadbois-Saint-Cyr, porte-parole de l’Agence des services frontaliers du Canada, a affirmé que son organisation était «d’accord avec les conclusions et les recommandations» du rapport et qu’elle prendrait «des mesures précises pour localiser les ressortissants étrangers dont la trace a été perdue.»
«L’Agence améliore sa stratégie de renvoi; elle met sur pied un programme d’incitation pour augmenter les départs volontaires; elle améliore la façon dont elle suit et trie les cas pour une intervention rapide», a déclaré à Sputnik Mme Gadbois-Saint-Cyr.
Spécialiste de l’immigration au Canada, maître Stéphane Handfield explique toutefois que certaines personnes visées par une mesure d’expulsion pourraient déjà avoir quitté le sol canadien, en particulier des Mexicains. En effet, il est maintenant relativement courant que des migrants mexicains tentent de passer par le Canada avant de traverser à pied la frontière nord des États-Unis.
«Le fait que l’Agence des services frontaliers du Canada ait perdu la trace de ces gens-là ne signifie pas qu’ils se trouvent encore tous au Canada. Il y en a qui en ont quitté le territoire. Je ne serais pas surpris d’apprendre que certains d’entre eux soient entrés illégalement aux États-Unis […] Par contre, ça ne veut pas dire que la clandestinité n’existe pas au Canada. Le phénomène existe, bien que la situation ne se compare pas à celle des États-Unis», insiste l’avocat au micro de Sputnik.
Dans son rapport, le Bureau du vérificateur général du Canada explique l’échec d’Ottawa par «la piètre qualité des données et des faiblesses dans la gestion des cas» et par des «déficiences dans l’échange d’informations» avec le ministère canadien de l’Immigration. «L’Agence a lancé des mandats d’immigration pour l’arrestation de ces étrangers, mais elle a rarement réalisé les enquêtes requises pour localiser ceux ayant des antécédents criminels», lit-on également dans le document.
Un rapport embarrassant pour Ottawa
Le député conservateur Pierre Paul-Hus accuse les Libéraux de Justin Trudeau d’être responsables de cette gestion pour le moins déficiente. Depuis 2017, plusieurs dizaines de milliers de migrants ont traversé le chemin Roxham, une petite route perpendiculaire à la frontière canado-américaine, laquelle est devenue un symbole de l’immigration illégale au pays. Certains observateurs et membres de l’opposition accusent régulièrement le gouvernement Trudeau de faire preuve de négligence dans le dossier migratoire.
«Le laxisme légendaire de Justin Trudeau a permis à 35.000 personnes, dont 3.000 criminels, d’entrer illégalement par le chemin Roxham et de perdre leur trace. Il est temps qu’un gouvernement conservateur reprenne le contrôle des frontières canadiennes», a affirmé Pierre Paul-Hus sur sa page Facebook.
«Cela n’a rien de nouveau. C’était pareil à l’époque des Conservateurs. Le problème avec ces listes, c’est qu’on ne sait pas depuis quand ces personnes sont recherchées. Est-ce que ça fait six mois, cinq ans, dix ans qu’elles le sont? […] C’est faux de prétendre que ces 35.000 personnes sont des demandeurs d’asile dont le statut de réfugié a été refusé», conclut Stéphane Handfield.