Un rapport ultra-confidentiel sur les violences urbaines consécutives au décès d’Adama Traoré en juillet 2016 faisait état de la «sidération» des forces de l’ordre et d’une «série d’échecs tactiques successifs» dans la gestion de la crise, rapporte Valeurs actuelles qui a pris connaissance du document.
«Le moral des militaires est bas et certains ne comprennent pas pourquoi il n’y a pas eu d’ordre de tirer», est-il souligné dans la partie consacrée à la «première phase» des évènements, celle de la «sidération» (19-20 juillet).
«Un véritable traumatisme»
Lors de la seconde phase, dite de «la reconquête» (20-24 juillet), le moral de la troupe avait été «regonflée» grâce à «l’application d’un dispositif de surmobilité». Néanmoins, les épisodes successifs de violences ont suscité «un véritable traumatisme tant pour les médias que pour les habitants».
«La peur des habitants s’est traduite concrètement par un tir d’arme à feu sur les gendarmes, le tireur croyant avoir affaire à des casseurs», indique l’auteur du rapport.
Consignes pour l’avenir
Passée l’étape du constat, l’auteur avance plusieurs préconisations: «La manœuvre sous le feu des unités en violence de type urbain est à revoir en profondeur. […] Hors tirs d’arme de guerre ou de calibre de chasse au gros gibier, il faut s’affranchir du schéma classique de fixer et d’attendre les unités spécialisées qui arrivent tardivement, généralement après l’événement, laissant pendant cet intervalle le champ libre aux casseurs».
Selon lui, le schéma idéal «relève du combat d’infanterie (fixer, déborder, aborder, réduire)». «Les consignes de riposte doivent être claires, excepté un blessé grave ou des tirs répétés de gros calibre avec une identification confirmée de l’auteur, aucune riposte entraînant un mort dans les rangs adverses ne pourra être politiquement recevable», insiste-t-il avant de conclure que les émeutes de Persan-Beaumont «constituent, à ce jour, un cas unique d'engagement en zone gendarmerie métropolitaine sur une typologie d'insurrection armée dans des cités».