Quelques jours avant le début de la pandémie et la fermeture des frontières sur le continent Africain, fin février, la République Centrafricaine a tenu son premier Salon international des mines et des carrières et du pétrole, qui a attiré un grand nombre d’investisseurs de tous les coins du monde, mais qui a aussi laissé une place à une session baptisée Women in Mining, durant laquelle les femmes parlaient de leur place dans le secteur minier et du besoin d’augmentation de la présence féminine.
Les valeurs culturelles pèsent lourd
La session a été organisée par l’Association des Femmes du Secteur Minier de Centrafrique (AFESMICA), et sa présidente, Fanta Mariette Samba Vomi, qui dans le même temps est l’une des seules femmes au ministère des Mines et de la Géologie et qui est la Chef du Cadastre minier. Elle connaît mieux que personne la situation de l’intérieur et confesse qu’il y a un vrai manque de femmes dans ce domaine.
«La question principale est pourquoi les femmes ne s’intéressent pas aux activités minières en République Centrafricaine? Sur toute la scène, au niveau du gouvernement, des entreprises, même à l’université et dans l’artisanat, les femmes sont très peu représentées. Qu’est-ce qui en est à l’origine ? Les femmes ne s’y intéressent pas à cause des valeurs culturelles qui pèsent sur nous.»
La Chef du Cadastre minier certifie que la RCA dispose d’un vaste ensemble géologique favorable à l’existence potentielle des ressources minérales. Cette terre renferme 34 substances parmi lesquelles du diamant, de l’or, de l’uranium, du cobalt et du coltan.
L’objectif de l’AFESMICA
Dans le même temps, c’est un vaste bassin d’emplois pour les femmes, alors le but de l’Association des Femmes du Secteur Minier de Centrafrique est de sensibiliser celles qui pourraient s’intéresser à cette voie professionnelle puis de plaider au sein du gouvernement pour les changements nécessaires concernant les inégalités.
«Dans la tête des femmes, le secteur minier est un territoire d’hommes, même au ministère des Mines où je travaille il n’y a pas assez de femmes, seulement 20% sont des femmes, surtout dans les instances de prise de décisions. Il faut qu’elles soient plus impliquées dans la gouvernance, pour que la situation change.»
L’AFESMICA a été fondée l’année dernière et a été appuyée de suite par la Banque Mondiale. Elle compte à ce jour 60 femmes en provenance du ministère des Mines et de la Géologie, du secteur privé, du secteur paraétatique, de l’université de Bangui et de l’artisanat minier. L’Association a été créée à l’instar de ses sœurs au Cameroun ou au Burkina Faso, mais aussi de tout le réseau Women In Mining (WIM) Africa.
Les réformes du ministère des Mines
La RCA se montre prête à accueillir de nouveaux investisseurs dans le domaine minier, et le ministère des Mines dans le même temps effectue un certain nombre de changements pour pouvoir accueillir cette nouvelle réalité, explique Fanta Mariette Samba Vomi.
«La promotion du Partenariat public-privé à l'initiative à 100% privée a été faite lors de SEMICA Centrafrique où nous avons pu révéler le potentiel minier et pétrolier de la RCA aux investisseurs.
Ensuite, c’est le développement des infrastructures de base énergétiques et routières, c'est un projet gouvernemental. Aussi la lutte contre la fraude et la contrebande minière, un projet nous appuie dans ce sens à lutter contre le diamant de sang et avoir la traçabilité de nos ressources minières. La révision du Code minier est en cours, avec pour but de le rendre plus attractif. Et aussi l’assainissement du Cadastre Minier et l'informatisation du système afin de sécuriser les revenus de l'État».