Depuis le début de la pandémie, le gouvernement français ne cesse de rapatrier de ses concitoyens bloqués à l’étranger, mais certains étudiants français ont, semble-t-il échappé à cette sollicitude. C’est le cas de Nastia, étudiante en 4e année à l’université de médecine et de pharmacie de la ville de Jassy (Iași dans sa graphie roumaine), en Roumanie. Le pays propose des cursus en français depuis l’adhésion du pays à l’Union européenne et la reconnaissance de l’équivalence des diplômes en 2007.
«Tout se passe relativement bien. Me concernant, le moral, ça va, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde, notamment pour les 6e années, qui ont l’examen final à passer, l’ECN», lance Nastia au micro de Sputnik, regrettant l'impossibilité de rentrer en France.
«À ce moment-là, la question du rapatriement posait problème, puisqu’on avait encore cours et que l’université n’avait pas donné les modalités. Donc certains sont quand même rentrés en France, au risque de rater des cours, mais aussi les examens. Mais finalement, on a su que tout se ferait en ligne, au même moment que la fermeture des voies aériennes.»
Un vol privé annulé par l’ambassade
Au vu de la situation, les associations étudiantes des principales universités de médecine, celle de Jassy (AMSFI) et de Cluj (CMC), qui représentent près de 2000 étudiants français en Roumanie, ont organisé un vol de rapatriement, aux frais des étudiants.
«J’observe que ce projet est la reprise de l’initiative personnelle d’un conseiller consulaire, à laquelle l’ambassade n’a aucunement été associée, qu’elle n’a pas cautionnée et dont elle ne peut porter la responsabilité, quelle que soit son issue.»
Des accusations que le conseiller a démenti.
Droit de réponse et incompréhension
Face à ces allégations, le conseiller s’est défendu dans un second mail que Sputnik a pu se procurer, où il explique que ce sont les associations qui l’ont sollicité:
«Ainsi, face à l’absence de toute possibilité de rapatriement, des associations de parents et des étudiants de Cluj et de Jassy se sont adressés à moi. J’ai alors prié une agence de voyages de fournir un devis pour un vol spécial exclusivement réservé aux étudiants français et à la charge exclusive des intéressés», détaille Benoît Mayrand.
Les associations, quant à elles, ont fait part de leur soutien à l’élu via Facebook et ont manifesté leur incompréhension suite au refus de l’ambassadrice, mettant en doute «l’implication de l’ambassade de France à Bucarest en faveur de la communauté étudiante française de Roumanie.»
Des interrogations qui enflent, alors que d’autres vols privés ont pu décoller de Bucarest à destination de Paris, comme celui du 13 mai cité dans le communiqué. «Pourquoi ce vol a eu le droit de partir et pas le nôtre?» s’interroge Nastia.
Sur le site de @francediplo
— Corpo Médicale Cluj (@cmcluj) May 16, 2020
Je suis étudiant à l’étranger. Que dois-je faire ?
"Si vous votre université de rattachement/organisme d’accueil est fermé(e) et votre cursus sont interrompus(...)
Il vous est recommandé de rentrer."
Une raison valable pour ce refus ?#COVID19 pic.twitter.com/kr1Caj8luY
L'ambassade a répondu dans un communiqué «en langue de bois habituelle», s’agace l’étudiante en 4e année. «Ils disent être là pour nous soutenir, mais ils ont annulé un vol alors que de nombreux étudiants auraient pu être déjà chez eux», s’insurge-t-elle.
Des solutions dangereuses
L’Ambassade, pour sa part, s’est contentée de proposer aux candidats au retour d’emprunter des lignes régulières, avec une ou deux escales dans des villes européennes, ou de tenter leur chance par voie terrestre, un voyage qui prend plusieurs jours. Autant de solutions encore une fois aux frais des étudiants. Concernant le voyage terrestre, seuls les étudiants en possession d’un permis ont été autorisés à partir.
«Certains étudiants ont tenté l’aventure» de la route, raconte Nastia, dans des conditions difficiles, parfois dangereuses. Certains ont tenu un journal de bord et Sputnik en a sélectionné un extrait:
Nastia, en 4e année de médecine, n’est pas rentrée chez elle depuis le mois de décembre. Elle assure qu’elle peut encore attendre et ironise sur le maintien des examens en ligne: «ça serait trop facile si tout se passait bien!» Elle avoue cependant que pour d’autres étudiants, la situation est invivable et que l’université a même mis en place pour eux un suivi psychologique… en ligne!