Comment est-il possible que la situation actuelle –population confinée, gouvernements aveuglés, mal préparés et débordés– n’ait pas été anticipée? C’est pourtant le rôle des services de renseignement: prévoir, conseiller les responsables pour qu’ils ne puissent prétendre un jour n’avoir pas vu venir une quelconque menace.
Comme l’a dit Emmanuel Macron: «Étions-nous préparés à cette crise? À l’évidence, pas assez, mais nous avons fait face, en France comme partout ailleurs.» Les services spéciaux, avec leurs moyens et leurs ressources, n’ont-ils été que de simples spectateurs de cette crise majeure? Éric Denécé, directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), réagit:
«La polarisation que met la presse sur le rôle des services de renseignement dans cette opération est pour moi tout à fait erronée. Ce n’est pas le rôle des services d’espionnage au sens propre, qui ne travaillent que sur des informations secrètes, de surveiller ce qui se passe dans le monde en matière médicale.»
L’auteur du livre, «Le Renseignement au service de la démocratie» (Éd. Fauves), explique que ces servies ne fonctionnent pas à l’aveuglette et qu’ils agissent dans le cadre de missions décidées en amont:
«En matière de renseignement, on ne trouve que ce que l’on cherche. Parfois, en parallèle, on va faire des découvertes un petit peu par hasard. Ces informations que l’on a trouvées par hasard, on les rentre dans une base de données, généralement, sauf indice d’alerte particulier.»
D’après un reportage exclusif du Parisien, des rapports internes des services de renseignement français font état de leur crainte de voir les mouvements sociaux se radicaliser lors du déconfinement.
«Je n’ose imaginer la situation dans laquelle nous serions d’ici quelques mois, si nous prenions conscience que le confinement n’était pas nécessaire. Alors là, je pense que les réactions de tous ceux qui en ont souffert, notamment économiquement, seraient extrêmement virulentes, et je crois qu’on est peut-être là en train de jouer les prochaines élections présidentielles», conclut Éric Denécé.