Les habitants des quartiers populaires de Montgeron, dans l’Essonne, ont été appelés à dénoncer les cas de violation du confinement à la police, indique une note signée par la maire de la commune, Sylvie Carillon (LR).
Visant à faire respecter les restrictions de déplacements au mieux, cette incitation à la délation est censée permettre aux forces de sécurité «pleinement mobilisées» d’intervenir le plus rapidement possible, selon l’édile réélue après le premier tour des municipales.
Sylvie Carillon Maire LR , pour chasser l'ennui de l'enfermement de ses habitants , remplace la chasse aux œufs par la chasse aux gens 😖😖 pic.twitter.com/P1Q9Z4F8ce
— Le jour viendra où le peuple vaincra (@NaphtalineLeBon) April 13, 2020
Une augmentation possible des tensions
Cette note peut provoquer l’accroissement des tensions dans les quartiers où elle a été distribuée, notamment de l’Oly et de la Forêt, selon Cécile Ciéplinski, conseillère municipale d’opposition, élue avec 20,45% des votes.
En outre, «les forces de l'ordre pourraient se retrouver submergées par des appels calomnieux qui donneraient lieu à des conflits de voisinage», a-t-elle averti dans une lettre ouverte, citée par Le Parisien.
Manifestant son accord avec «90% de cette note», elle a cependant indiqué désapprouver le paragraphe sur la délation. Selon Mme Ciéplinski, «la ligne rouge a été franchie».
Le droit des citoyens
Justifiant sa décision, la maire a mis en avant le droit des habitants de faire intervenir la police quand ceux qui ne respectent pas le confinement les mettent en danger, indique Le Parisien:
«Certains ne dorment plus. Dans les cages d’escalier, ils peuvent être une quinzaine à se regrouper tous les jours jusqu’à parfois deux heures du matin. Les gens sont traumatisés, contraints de les frôler pour rentrer chez eux. Tout le monde est à cran».
Certains le font déjà
Cependant, de nombreux habitants prennent déjà les devants pour informer les forces de l’ordre: «Nous recevons déjà énormément d’appels d'habitants qui nous signalent le non-respect du confinement», a affirmé un policier, cité par le quotidien. Selon lui, ce sont plutôt les cas de «violation manifeste des règles», par exemple, la réunion de gens pour jouer au football ou pour discuter. Ces informations permettent d’intervenir rapidement, car «nous ne pouvons pas être partout», a-t-il souligné.