Alerte sur de possibles «effets secondaires graves» des traitements du Covid-19, après 3 décès suspects

© SputnikDans une pharmacie à Créteil, 16 mars 2020
Dans une pharmacie à Créteil, 16 mars 2020 - Sputnik Afrique
S'abonner
L'Agence du médicament (ANSM) a averti lundi que les traitements testés contre le Covid-19 pouvaient entraîner des effets indésirables graves et ne devaient «en aucun cas» être utilisés en automédication, alors que trois décès potentiellement liés à ces traitements ont été signalés.

«Une trentaine» d'effets indésirables graves, dont «trois décès» ont jusqu'à présent été signalés chez des patients atteints du coronavirus traités par Plaquénil (hydroxychloroquine) mais aussi d'autres médicaments tels que le Kaletra (un antiretroviral associant lopinavir/ritonavir), a indiqué à l'AFP Dominique Martin, le directeur général de l'ANSM.

Ces effets indésirables ont été signalés principalement à l'hôpital et les analyses sont encore en cours pour vérifier si les événements signalés sont imputables ou pas aux traitement reçus par les patients, a-t-il souligné, espérant de premières conclusions «d'ici la fin de la semaine».

«Surveillance renforcée» sur le traitement du Dr Raoult

L'ANSM a placé sous «surveillance renforcée» depuis une quinzaine de jours tous les traitements expérimentés dans la prise en charge du Covid-19, «en particulier lorsqu'ils sont utilisés en dehors des essais cliniques (chloroquine, hydroxychloroquine, azithromycine, lopinavir/ritonavir, tocilizumab, colchicine)».

«Il est bien normal qu'il faille essayer des traitements, compte tenu des circonstances, mais cela n'empêche pas qu'on doive exercer une surveillance, une pharmacovigilance sur ces produits», selon Dominique Martin.

À cet égard, l'hydroxychloroquine couplée avec l'antibiotique azithromycine, sous le feu des projecteurs depuis que le Pr Didier Raoult a publié deux études controversées concluant selon lui à leur «efficacité» contre le coronavirus, mérite une «attention particulière», observe le directeur général de l'ANSM.

Berger malinois - Sputnik Afrique
«Plus rapide qu'un test», «moins coûteux»: ce chien va à Londres pour savoir s'il peut détecter le Covid-19 – images
Leur association «potentialise le risque» de trouble du rythme cardiaque «qui peut conduire à un accident cardiaque», dit-il. Et cela est «encore plus vrai chez les patients qui souffrent du Covid», en raison de troubles métaboliques spécifiques à cette maladie.

Plusieurs traitements contre le coronavirus font actuellement l'objet d'essais cliniques pour évaluer leur efficacité et un décret a élargi leur utilisation à d'autres patients en état grave à l'hôpital.

Demande de ne pas les utiliser en automédication

Mais «en aucun cas ces médicaments ne doivent être utilisés ni en automédication, ni sur prescription d'un médecin de ville, ni en auto-prescription d'un médecin pour lui-même, pour le traitement du Covid-19», avertit l'Agence nationale de sécurité du médicament.

Un collectif de médecins, «Laissons les prescrire», a notamment réclamé le droit de s'auto-administrer ce traitement pour en démontrer l'efficacité.

Malgré l'interdiction de ces utilisations en dehors de l'hôpital, «il nous est remonté des cas de prescription et de délivrance en pharmacie de ces médicaments hors du cadre réglementaire, en particulier du Plaquénil», s'inquiète Dominique Martin.

Ce médicament, utilisé en temps normal contre le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde, a connu une augmentation «assez significative» de ses ventes, avec certains jours des pics «multipliés par deux ou trois» par rapport au niveau d'avant l'épidémie.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала