Les prix du pétrole servent d’instrument de manipulation entre les mains des pays développés, estime un analyste équatorien du secteur pétrolier qui est revenu dans une interview accordée à Sputnik sur l’effondrement survenu sur les marchés boursiers le 9 mars.
«La demande quotidienne mondiale de pétrole est de 100 millions de barils. Comme les pays ne faisant pas partie de l’OPEP produisent 64 millions de barils, l’OPEP devrait en produire 36 millions. Mais combien produit l’OPEP en réalité? Elle produit officiellement 30 millions de barils, ce qui correspond plus ou moins aux quotas qu’elle avait mis en place. Alors, la question se pose de savoir qui est le producteur des six millions restants», a-t-il détaillé.
Une production dissimulée
L’analyse de l’origine de ces barils restant révèle «une offre excessive dissimulée de la part de certains pays qui sont sur la même longueur d’onde que les pays développés. Il évoque notamment l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït et l’Irak, avant de citer l’exemple de Riyad qui déclare une production de 9,7 millions de barils, «alors qu’il produit de facto 12,5 millions».
«Les prix du pétrole sont entièrement contrôlés et manipulés par les pays développés», a souligné M.Tandazo. «Ils nous disent qu’ils sont des défenseurs intrépides du libre marché et qu’il faut laisser les choses au hasard mais ils manipulent les prix à l’aide d’une offre excédentaire».
«Chantage politique»
Pour Augusto Tandazo, la décision de l’Arabie saoudite de provoquer la chute des prix, alors que le pays est producteur de pétrole, relève d'un «chantage politique» exercé par Washington et visant le Moyen-Orient. Il a rappelé à cet égard le changement de la stratégie états-unienne dans les années 1980, selon laquelle Washington préfère avoir de bonnes relations avec les pays producteurs de pétrole pour qu’ils investissent dans l’économie américaine.
«Nous nous trouvons toujours dans le monde développé de l’Occident souhaitant trouver une solution pour sa crise et ses problèmes sur le compte de producteurs de brut, cela ne concernant pas uniquement le pétrole. C’est le monde où les uns vivent pour le compte des autres, dont l’abondance, le confort et le développement de certaines sociétés ne peut être expliqués que par la pauvreté et l’appauvrissement des autres», a-t-il poursuivi.
Même si la chute des prix est considérée comme une «bénédiction» pour les États-Unis et des organisations internationales à l’instar du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, elle est «une malédiction» pour les pays producteurs, a affirmé l’analyste équatorien avant de souligner que c’est «une malédiction concernant toute l’humanité, car il s’agit d’une ressource non renouvelable et irremplaçable. Après un certain temps, nous réaliserons que nous l’avons épuisée et que nous l’avons achetée et vendue moins cher que le Coca-Cola», a martelé Augusto Tandazo.
L’effondrement des cours du pétrole
Après que les membres de l’OPEP et leurs alliés n’ont pas réussi à obtenir un accord sur la manière de soutenir les cours du pétrole, l’Arabie saoudite a annoncé son intention d’augmenter sa production de brut et de diminuer son prix. Le marché pétrolier a réagi par la dégringolade des prix de 30% sur le baril de Brent et celui du WTI, conduisant à la chute des bourses à travers le monde.