Est-ce enfin le début de la fin de la guerre en Afghanistan? Une trêve entre les États-Unis et les talibans vient d’entrer en vigueur. Au même moment, le New York Times publiait une chronique attribuée au sous-chef des talibans, Sirajuddin Haqqani, intitulé: «Ce que nous, les talibans, voulons». L’idée de négocier avec ceux que les Américains associent à l’hébergement d’Oussama ben Laden, l’architecte des attentats terroristes du 11 septembre 2001, afin de publier leur éditorial, a choqué de nombreux Américains.
Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France et auteur du livre «Les guerres de Syrie» (Éd. Glyphe) estime que quelque chose sonne faux dans cette chronique:
«Le ton est surréaliste, littéralement. Ensuite, ça fait très théâtral, préfabriqué en quelque sorte. Ça ressemble à un éditorial occidentalo-compatible, pour montrer –à l’opinion américaine en occurrence– qu’il [Sirajuddin Haqqani, nldr] est bien, qu’il est sérieux, et qu’il ne veut rien de plus que la paix, que c’est son désir suprême. Et que finalement, l’Afghanistan a des chances de devenir le paradis sur terre et un paradis de stabilité.»
Raimbaud relève que toutes les belles promesses de Haqqani sont soumises à conditions:
«Tout ce qu’il dit, les bonnes intentions, ça tiendra certes aux engagements, mais à condition que les troupes américaines se retirent.»
Que sont donc les chances d’un retrait américain d’Afghanistan? L’ancien ambassadeur estime que «les décisions de retrait total de troupes américaines ne sont jamais en fait mises en œuvre, notamment parce que c’est Monsieur Trump qui prend la décision.» Il poursuit:
«Il a probablement raison de se méfier, M. Haqqani, parce que les décisions de retrait des troupes américaines, il y en a à tire-larigot et en général, lorsqu’elles sont prises par le Président Trump, elles sont contredites et il y a des obstacles et des bâtons dans les roues de la décision présidentielle et 2-3 jours après, on apprend que les troupes américaines ne vont pas se retirer autant que cela.»
Raimbaud explique que tout accord de paix entre les talibans et les États-Unis n’a pas d’existence légale, puisqu’il exclut le gouvernement légitime de l’Afghanistan:
«On ne les a pas avertis des négociations et puis on ne leur a pas demandé leur avis, mais ils seront priés de venir négocier avec les talibans et non pas l’inverse.»