Le carnaval annuel dans la ville belge d’Alost, qui met en avant le satire, s’est une nouvelle fois attiré les foudres pour ses caricatures visant les juifs. Un haut responsable de la commission a déclaré que c’était une honte et qu’il fallait l’interdire.
«Pour moi c'est clair: le carnaval d'Alost est une honte. Il doit cesser. Pas de place pour ça en Europe», a twitté le commissaire grec Margaritis Schinas, également vice-président de la Commission.
Des critiques unanimes
Un porte-parole de l'exécutif européen avait auparavant condamné ces caricatures, estimant qu'elles n'avaient «rien à faire dans les rues européennes 75 ans après la Shoah».
«La position de la Commission est claire, nous sommes absolument opposés à toute forme d'antisémitisme», a souligné ce porte-parole, Adalbert Jahnz.
Précisant que la Commission avait reçu «un certain nombre de plaintes» concernant le défilé, il a précisé qu'il appartenait aux autorités nationales concernées «de prendre des mesures (...), conformément aux lois européennes».
Les Juifs sont de la vermine (de la vermine pleine de fric qui contrôle le monde quand même) et les nazis sont des gars sympas que les enfants applaudissent et avec qui on a bien envie de boire une bière. Bienvenue au carnaval d’Alost en 2020, en Belgique, cœur de l’UE. Dégénérés pic.twitter.com/svFR1MxxZf
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) February 23, 2020
Pour la Première ministre belge, Sophie Wilmès, «il revient aux institutions compétentes et à la justice de déterminer si les faits qui se sont déroulés pendant le carnaval enfreignent la loi».
«L'utilisation de stéréotypes, de référents stigmatisant des communautés, des groupes humains sur base de leurs origines conduit aux divisions et met en péril le vivre ensemble», a regretté cette libérale francophone, ajoutant que ces faits «portent préjudice à nos valeurs ainsi qu'à la réputation de notre pays».
Un précédent en 2019
Rayé du patrimoine immatériel de l'Unesco, le carnaval d'Alost a de nouveau caricaturé des juifs orthodoxes dimanche, représentés notamment comme des fourmis.
Une vaste polémique avait suivi l'édition 2019 de ce carnaval vieux de 600 ans, quand un char caricaturant des juifs orthodoxes aux nez crochus, assis sur des sacs d'or, avait pris part au cortège.
Lors de l'annonce de son interdiction, une mesure inédite de l'organisation, cette dernière avait fustigé les «répétitions récurrentes de représentations racistes et antisémites» dans cette manifestation.
Le maire d'Alost s'est une nouvelle fois défendu dimanche: «ce n'est pas une parade antisémite, Alost n'est pas une ville antisémite», a déclaré l'élu nationaliste flamand, Christoph D'Haese.