Le cynisme n’a pas de frontières, et l’affaire Griveaux en est une nouvelle preuve. Tout commence le mercredi 12 février, lorsqu’un site créé en novembre 2019 publie un article accompagné de vidéos de masturbation affirmant que celles-ci ont été envoyées par Benjamin Griveaux à une jeune femme. D’abord relayée par quelques comptes Twitter, l’audience prend de l’ampleur lorsque le député Joachim Son-Forget, ex-LREM, relaie le lien de l’article.
L’article dépeint un individu qui ressemble plus à un agent russe qu’à un réfugié politique: "Curieusement à l’époque des faits en Russie, la police ne s’est guère montrée empressée de le voir retourner derrière les barreaux. Elle le prévient au contraire" https://t.co/7Vpkk5V8k0
— Dominique Reynié (@DominiqueReynie) February 15, 2020
Le lendemain matin, la nouvelle tombe. Benjamin Griveaux annonce retirer sa candidature à la mairie de Paris pour «protéger sa famille» et dénonce des «attaques ignobles». Il ne cherchera à aucun moment à nier être l’auteur de ces vidéos et les avoir envoyées à une jeune femme.
L’invention d’un agent russe
Mais qui a donc «tué» le soldat Griveaux? Libération va lever tout doute à ce sujet, le réfugié russe Piotr Pavlenski revendiquant avoir créé ce site et publié ces vidéos pour dénoncer «l’hypocrisie» du candidat LREM à Paris.
Et si c’était la même chose? D’un côté ce torpillage de plus en plus étrange de #Griveaux et d’une élection française par un « artiste » russe. De l’autre cette guerre pour de vrai qu’a déclarée #Poutine à l’#Ukraine et à l’Europe - et dont je témoigne, cette semaine, dans Match. pic.twitter.com/ZMVkv79DEL
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) February 15, 2020
Pavlenski, un «artiste» russe connu pour son opposition à Poutine, a entre autres «œuvres» cloué ses testicules sur la place Rouge. Il s’était aussi cousu la bouche en soutien aux Pussy Riot. Soupçonné de violence et d’agression sexuelle contre un couple russe, il s’enfuit en France où il obtient le statut de réfugié en 2017. Libération lui réservera des articles très flatteurs en 2016, titrant «Piotr Pavlenski, artiste russe intègre et intégriste», ou encore «Piotr Pavlenski, couillu». Le ton a changé, la lune de miel est terminée. Aimer un opposant à Poutine semble être une obligation, même si tout prouve qu’il n’a pas toute sa tête.
Snowden et Assange n’ont pas eu cette chance.
#Griveaux2020 Mais au nom de quoi et de qui ce « réfugié » russe douteux Piotr Pavlenski se permet-il de donner des leçons de « morale » et de politique à la terre entière ? D’autant que ce manipulateur pourrait bien avoir été manipulé. Et, dans ce cas, qui est derrière lui ?
— D. de Montvalon (@demontvalon1) February 14, 2020
Désormais, plus ou moins directement, ce même Piotr Pavlenski est accusé d’être un agent russe, ou ayant été manipulé par les Russes, pour mettre à bas la démocratie française. Le réfugié se voit répudié par les mêmes qui l’ont encensé, ainsi que sa compagne, celle-là même qui a reçu les vidéos de Griveaux. Ils sont tous les deux en garde à vue.
Ce complotisme visant à mettre en avant un soi-disant retournement d’un réfugié politique en France par la Russie n’est basé sur rien si ce n’est sur un racisme antirusse primaire et sur des clichés datant de l’URSS.
Un kompromat?
Ainsi, la presse et certaines personnalités politiques expliquent que Griveaux a été victime d’un kompromat. Oui, mais non. Cette manœuvre politique consistait à filmer à son insu une personne en plein ébat sexuel afin de la faire chanter ou de la pousser à quitter son poste.
La Russie ( et la morale ) décide de ceux qui se présentent ou pas à la mairie de Paris . Un certain amateurisme et les réseaux sociaux s’en mêlant ! L’époque est folle ! #onnevapasverslemeilleur #Griveaux
— maitena biraben (@MaitenaBiraben) February 14, 2020
Benjamin Griveaux a lui-même filmé ces vidéos, et les a lui-même envoyées à un tiers. À part de dire que le candidat LREM s’est auto-kompromat, il n’y a aucun rapport.
Ce que le monde politique cherche à étouffer est pourtant simple. Le candidat choisi s’est saboté lui-même. Le fait qu’il entretienne ce genre de relations extra-maritales ne concerne personne d’autres que la famille Griveaux. Mais en les envoyant à une autre femme, il s’est exposé à ce qu’elles sortent un jour.
D’autant que le hasard a fait que l’actuelle compagne de Piotr Pavlenski n’est autre qu’Alexandra de Taddeo, une étudiante en droit de 29 ans qui en 2018 a reçu ces vidéos de Benjamin Griveaux. Les exploiter, surtout venant d’un homme clairement dérangé comme Pavlenski, ne faisait aucun doute. Pas pour déstabiliser une démocratie, non. Simplement pour faire parler de soi. C’est cette simple vérité, mettant totalement en cause la naïveté de Benjamin Griveaux, que la sphère politico-médiatique cherche à cacher en manipulant l’opinion. La Russie n’a rien à voir avec cette affaire, ne vous en déplaise. Cet «artiste» est réfugié en France, personne n’a forcé Paris à l’accueillir. Comme personne n’a forcé Benjamin Griveaux à se filmer dans cette position.
Comme pour l’affaire Benalla, la Russie a bon dos. Mais ce complotisme ne change rien aux faits.