Les actions de la France à l’égard du ressortissant russe Alexandre Vinnik, placé en garde à vue, sont inacceptables pour Moscou qui appelle Paris à revenir dans le cadre juridique, a déclaré Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
«Nous n’admettons pas la position peu constructive de la partie française qui n’a pas informé à temps les représentants russes de l’arrivée en France d’Alexandre Vinnik, ni de son transfert d’un hôpital à un autre le 24 janvier», a indiqué jeudi 30 janvier la diplomate, lors d’un point presse à Moscou.
Et d’expliquer que, pendant trois jours, les employés du consulat de Russie à Paris s’étaient vu refuser à maintes reprises et sous différents prétextes une entrevue avec leur concitoyen, ce qui constitue une violation grossière de la Convention de Vienne sur les relations consulaires du 24 avril 1963.
«Nous sommes indignés du fait que […] le chef du service consulaire russe en France n’ait pas été autorisé à assister à l’audience judiciaire, le 28 janvier à Paris, sur l’affaire de Vinnik […]. Qui plus est, le tribunal n’a même pas tenu compte de l’état de santé d’Alexandre Vinnik. Je tiens à rappeler qu’il est affaibli par 40 jours de grève de la faim. Néanmoins, il a été contraint de se tenir debout pendant toute la séance», a rappelé Mme Zakharova.
Selon elle, on a même refusé un verre d’eau au Russe.
Moscou ne cessera d’insister sur son extradition vers la Russie
«L’ambassade russe en France agira en conséquence, et nous poursuivrons nos efforts en vue de garantir l’exercice des droits de notre citoyen et d’obtenir que les autorités françaises l’extradent vers la Russie», a résumé la porte-parole.
La déléguée aux droits de l'Homme auprès du Kremlin, Tatiana Moskalkova, a annoncé pour sa part avoir envoyé au ministre français de la Justice une demande d’entretien avec Alexandre Vinnik.
«J’ai envoyé une requête officielle au ministre français de la Justice et j’attends la réponse, l’entrevue sans concertation au préalables étant impossible», a-t-elle noté.
Arrêté en Grèce à la demande de Washington et accusé de blanchiment d’argent et de fraude à la cryptomonnaie par les États-Unis, la France et la Russie, le programmeur russe Alexandre Vinnik a finalement été extradé le 23 janvier vers la France.
M.Vinnik est notamment accusé d’avoir piraté le courrier électronique de milliers de personnes et de leur avoir extorqué de l’argent via la plate-forme boursière BTC-e: on parle de l’équivalent de 130 millions d’euros, qu’il aurait dérobés à 5.700 victimes dans le monde, y compris en France. Le parquet français estime qu’Alexandre Vinnik est un personnage central dans son enquête sur un groupe de cybercriminels.