Le train de passagers qui roule sans intervention humaine, c’est pour demain et il sera chinois.
Si l’autonomisation des moyens de transport reste du domaine de la chimère pour les automobiles en raison d’une multitude de paramètres à gérer, il n’en est pas de même pour d’autres mobilités. Certaines sont en effet plus propices à l’automatisation puis l’autonomisation (le passage de l’un à l’autre dépend de la présence ou non d’un opérateur humain dans la cabine de pilotage).
Déjà ambitieuse comme création, celle-ci est assortie de l’installation sur cette même voie d’un train à grande vitesse, mais pas n’importe lequel: le plus rapide du monde en mode autonome, soit 350 km/h! Le temps de transport devrait passer de plus de deux heures actuellement à quarante-sept minutes, le tout dans un écrin de confort et de technologies de communication (on songe à la 5G, où Huawei et ZTE dominent le marché mondial).
Le premier test grandeur nature de ce train baptisé «Fuxing» (renaissance) a été effectué ce 6 janvier 2020 et d’autres devraient suivre au fil de la progression de la ligne. Il n’en reste pas moins que ce premier succès est essentiel pour les autorités chinoises, qui entendent démontrer tout leur savoir-faire dans des secteurs où les pays occidentaux étaient passés maîtres.
Bien entendu, l’on peut arguer qu’il ne s’agit pas du premier train autonome puisque celui-ci a été lancé à l’initiative du groupe minier anglo-australien Rio Tinto en octobre 2017. Seulement, il convient de préciser qu’il s’agissait là de fret et non de passagers, ce qui implique des considérations spécifiques, en matière d’ouverture et de fermeture des sas comme de détection d’obstacles humains sur la voie.
Elle est à double portée: externe –pour démontrer que le dynamisme chinois ne peut être freiné et que les ingénieurs locaux sont capables de suppléer un embargo sur les technologies de pointe– et interne –pour assurer aux populations de l’Empire du Milieu que ces Jeux profiteront aussi aux provinces, en leur permettant de profiter des bienfaits de la modernité–. Le choix de Zhangjiakou n’est pas fortuit, puisqu’il s’agit de l’une des stations de ski où se dérouleront certaines épreuves en 2022.
L’automatisation complète (l’autonomisation) n’est pas récente, puisque l’on distingue –selon l’Union Internationale des Transports Publics– plusieurs niveaux, qui vont de 1 à 4 (GoA1 à GoA4) et qui, pour le dernier niveau, ont jusqu’alors uniquement concerné des métros (exemples de la ligne 8 du métro de Shanghaï, de la Nippori-Toneri de Tokyo ou encore la ligne 1 de Paris, voire la navette Orlyval). Curieusement, les opérateurs ferroviaires n’avaient pas encore franchi la barrière.
Quoi qu’il en soit, Pékin entend profiter des Jeux olympiques pour affirmer sa place auprès des grandes puissances afin de démontrer qu’elle n’a pas un train de retard sur elles, au contraire.