Une bataille de la guerre commerciale entre Washington et Pékin continue de faire rage en Allemagne. Malgré la pression des États-Unis, le marché allemand de la 5G est toujours ouvert à Huawei. Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, a même exprimé samedi 18 janvier son opposition à ce que l’entreprise chinoise soit exclue du processus d’installation du réseau, sans quoi l’Allemagne prendrait cinq à 10 ans de retard sur ce projet.
Selon lui, aucune entreprise allemande n’est capable de construire un tel réseau, et seulement deux entreprises en Europe le sont. «Je ne pense pas que nous puissions établir un réseau 5G en Allemagne sans la participation d’Huawei», a-t-il déclaré au Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il a évoqué l’idée de mettre en place des «filets de sécurité» supplémentaires, sans mentionner quelles pourraient être ces mesures.
Il affirme également partager le point de vue d’Angela Merkel sur ce sujet. La chancelière allemande avait déclaré en octobre 2019 qu’elle ne comptait pas limiter la concurrence, tout en exigeant des mesures strictes de sécurité. Une décision qui ne fait pas l’unanimité au sein de son propre parti, les conservateurs, et encore moins du côté des sociaux-démocrates, indique le quotidien allemand.
Huawei, au cœur de la guerre économique sino-américaine
En 2019, l’administration Trump a multiplié les tentatives de persuasion envers les pays occidentaux pour ne pas travailler avec le géant technologique chinois. Elle l’accuse de collaborer avec les services de renseignement chinois et la soupçonne d’espionnage. De plus, elle affirme qu’Huawei intègre des «portes dérobées» dans ses appareils pour espionner d’autres pays et saboter leur réseau Internet.
Des accusations infondées et politiquement motivées, selon Huawei, qui s’est vu interdire la vente de matériel de télécommunication aux États-Unis. Donald Trump a appelé l’entreprise Apple à se pencher sur le déploiement d’un réseau 5G dans le pays.
Les entreprises américaines ne peuvent pas non plus vendre leurs équipements au géant chinois. Ainsi, Google ne peut plus lui délivrer la licence de ses services, y compris son système d’exploitation Android pour smartphones et tablettes. Huawei a d’ores et déjà prévu de les remplacer par des équivalents, mais pourrait faire face à un rejet de ses produits sur le marché européen.