Revenant sur les avantages des aides sociales en France, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a affirmé le 9 janvier sur le plateau de France 2 que le pays à lui seul «représent[ait] 15% des dépenses sociales dans le monde». Peu convaincante aux oreilles des téléspectateurs, cette déclaration a été remise en cause par Checknews.
De mauvais calculs
Checknews explique que cette statistique a été établie à partir d’une base erronée, sans prendre en compte sa paternité. Interrogé par le service de Libération, l’OIT n’a néanmoins pas validé ce chiffre qui lui a semblé «surestimé».
Si l’on calcule les dépenses sociales de la même manière, on arrive à la conclusion que les États-Unis représentent 45% des prestations sociales mondiales. Il convient plutôt d’utiliser le PIB à parité de pouvoir d’achat au lieu du PIB global.
Selon l’Insee, contacté par le média: «la parité de pouvoir d’achat (PPA) est un taux de conversion monétaire qui permet d’exprimer dans une unité commune les pouvoirs d’achat des différentes monnaies. Ce taux de conversion peut être différent du "taux de change" en effet, le taux de change d’une monnaie par rapport à une autre reflète leurs valeurs réciproques sur les marchés financiers internationaux et non leurs valeurs intrinsèques pour un consommateur». L’institut n’a cependant pas voulu donner d’autres statistiques.
Ainsi, le PIB mondial PPA en 2016 était de 120.000 milliards de dollars (contre 75.800 milliards pour le PIB global), tandis que le PIB-PPA français en 2016 était de 2.765 milliards de dollars (contre 2.465 milliards pour le PIB exprimé en dollars). À titre de comparaison, le PIB indien s’élevait à 8.700 milliards (contre 2.263). C’est pourquoi, le montant total des dépenses sociales françaises descend jusqu’à 10%, indique Checknews.
Pays qui n’octroient pas d’aides sociales
Malgré ce chiffre important à l’échelle internationale, Libération ajoute qu’il faut tenir compte du fait qu’une protection sociale n’est pas accessible à la totalité de la population mondiale. Selon le rapport de l’OIT publié en 2017, «seuls 45% de la population bénéficient effectivement d’au moins une prestation sociale, tandis que les 55% restants –4 milliards de personnes– sont laissés sans protection».
D’où vient la conclusion que ces 15% ou 10% sont annoncés en comparant le modèle français aux dépenses sociales d’autres pays dont la population est privée de couverture sociale.