Angela Merkel s’est montrée inhabituellement furieuse le 10 novembre alors qu’elle assistait, aux côtés d’Emmanuel Macron, au dîner célébrant le 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin, annonce le New York Times.
Ce dernier cite les paroles suivantes de la chancelière allemande:
«Je comprends votre désir de mener une politique déstabilisatrice. Mais je suis fatiguée de ramasser les morceaux. Encore et encore, je dois recoller les tasses que vous avez cassées pour que nous puissions ensuite nous asseoir et prendre une tasse de thé ensemble».
Elle aurait tenu ces propos peu après l’interview où le Président français a évoqué la «mort cérébrale» de l'Otan.
Le journal qualifie cette conversation de preuve de la dégradation des relations entre l’Allemagne et la France.
Selon le New York Times, elle reflète aussi les tensions autour de la prochaine réunion de l’Otan au Royaume-Uni, les 3 et 4 décembre. Annoncé comme un sommet, cet événement a plus tard été rétrogradé au niveau de simple rassemblement des dirigeants, destiné à célébrer le 70e anniversaire de l’Alliance, rappelle le journal.
«Je n’ai pas vu les relations franco-allemandes à un point aussi bas depuis très longtemps. J'ai rarement vu une telle amertume et un tel désaccord», a déclaré Claudia Major, analyste en sécurité à l'Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP) de Berlin, citée par le New York Times.
«Mort cérébrale» de l’Otan et douche froide pour Skopje
En octobre, M.Macron a été le seul dirigeant à s’opposer à l’ouverture des négociations d'adhésion de la Macédoine du Nord à l'Union européenne et l’un des trois à être contre l’adhésion de l’Albanie. L'Allemagne de Merkel, quant à elle, s'y montrait plus favorable, selon les médias. Le ministre allemand des Affaires européennes, Michael Roth, s'est notamment dit «très déçu» par la position de la France, relatent Les Échos.
Le représentant spécial des États-Unis pour les Balkans occidentaux, Matthew Palmer, a qualifié d’«erreur historique» le blocage par l’UE de l'ouverture des négociations d’adhésion de ces deux pays balkaniques.
Le chef de l’État français a en outre provoqué en novembre une discussion sur l’Otan, évoquant «la mort cérébrale» de l’Alliance dans un entretien à l'hebdomadaire The Economist.
Il a également noté que l’Europe ne pouvait plus compter sur une défense militaire de la part des États-Unis et devait commencer à se considérer comme une force géopolitique autonome pour être en mesure d’influer sur son propre sort.
Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont contesté les estimations de M.Macron concernant l’Alliance.