La Bolivie est en crise. Tout a commencé avec les élections générales. L’Organisation des États Américains (OEA), qui surveillait le vote du 20 octobre, a dénoncé de graves irrégularités et estimé qu’un nouveau scrutin devait se tenir.
«L’OEA, c’est le bras des États-Unis en Amérique latine. Ce n’est pas non plus quelque chose que Washington contrôle complètement, c’est-à-dire qu’il faut l’avis des autres pays latino-américains.»
L’économiste estime que le coup aurait pu être préparé bien avant l’élection:
«L’opposition sentait sans doute que le moment était propice, que Evo Morales n’aurait pas la majorité qu’il espérait obtenir.»
Mais comment expliquer la décision de l’armée, y compris de son commandant, nommé par Morales, de se retourner contre le Président? Martin rappelle que «l’essentiel des responsables militaires en Amérique latine a été formé aux États-Unis».
Quant à la légitimité de la nouvelle Présidente autoproclamée, Jeanine Áñez, Martin s’interroge sur la manière dont elle s’est retrouvée en position de remplacer Morales:
«Apparemment, la personne qui était devant elle au Sénat s’est désistée. La seule information que j’ai, c’est qu’il y a eu des pressions pour qu’elle démissionne, comme l’ont fait Morales et son vice-Président.»
Donald Trump a déclaré à propos de ces événements que «la démission, hier, du Président bolivien Evo Morales est un moment important pour la démocratie dans l’hémisphère occidental. Après près de 14 ans et sa récente tentative de déroger à la Constitution bolivienne et à la volonté du peuple, le départ de Morales préserve la démocratie et ouvre la voie à la parole du peuple bolivien. Les États-Unis félicitent le peuple bolivien d’avoir exigé la liberté et l’armée bolivienne de s’être conformée à son serment de protéger non pas une seule personne, mais la Constitution de la Bolivie.»
Une «hypocrisie épouvantable», selon Jean-Louis Martin:
«C’est-à-dire non, l’armée n’avait pas du tout à prendre position sur le sujet et à conseiller Evo Morales de se retirer.»