Liban: «ce soulèvement ne se transformerait pas en guerre civile à moins que des forces extérieures ne s’ingèrent»

© AP Photo / Hassan AmmarDes manifestations antigouvernementales à Beyrouth
Des manifestations antigouvernementales à Beyrouth - Sputnik Afrique
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Depuis le 17 octobre, une puissante contestation populaire gagne en ampleur au Liban où, excédés par le coût de la vie, les gens réclament la démission du gouvernement. L’actuel soulèvement a déjà été baptisé d’«intifada fiscale» et de «révolution WhatsApp». Un spécialiste du Proche-Orient a commenté la situation pour Sputnik.

Des perturbations ont éclaté au Liban le 17 octobre, suite à l’établissement de nouvelles taxes, dont celle de six dollars par mois sur les appels en ligne via WhatsApp. Devenant violentes, les manifestations de masse se sont vite transformées en un mouvement antigouvernemental. Réclamant la démission du Premier ministre Saad Hariri, les protestataires ont rejeté l'appel au dialogue du Président Michel Aoun.

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Des protestataires blessés lors d’une tentative de l’armée de débloquer une route au Liban
«Contrairement aux manifestations de rue précédentes à caractère politique ou idéologique, il s'agit cette fois au Liban de manifestations de personnes en colère et affamées», a expliqué à Sputnik Ghassan Kadi, blogueur et analyste politique d'origine syrienne.

Et de rappeler que le Premier ministre Saad Hariri avait présenté un ensemble de réformes économiques visant à calmer la situation et à résoudre la crise, mais les manifestants ont rejeté ces concessions et bloqué les principales artères en réponse.
Le Président Michel Aoun s'est adressé à la nation pour dire qu'il était prêt à rencontrer les représentants des manifestants, mais sa proposition n’a pas été entendue.

Selon Ghassan Kadi, le Premier ministre Hariri et le Président Aoun n'ont pas réussi à apaiser l’agitation parce que leurs concessions «sont venues trop tard et ont offert trop peu de choses».

Les Libanais ne veulent pas de réformes «évasives»

«Les gens ne demandent plus des réformes mineures, mais exigent que les responsables politiques corrompus soient tenus pour responsables, que les fonds de leurs comptes en devises soient rapatriés, que leurs biens soient confisqués et qu'ils soient traduits devant la justice», a exposé M.Kadi, spécialiste du Proche-Orient.

Il souligne que le Liban est un pays extrêmement «riche en ressources, y compris en gaz naturel non exploité, alors que les jeunes Libanais ne peuvent pas trouver du travail à l’intérieur du pays».

«On ne peut que déplorer le fait que les gouvernements successifs [à Beyrouth, ndlr] n’aient ni voulu ni pu reconstruire l’infrastructure détruite pendant la guerre civile de 1975-1989. […] Il y a aujourd’hui des pénuries d'eau, d'électricité et d'opportunités d'emploi, alors que les politiciens remplissent leurs coffres avec de l'argent de la corruption et le cachent dans des comptes bancaires suisses secrets», a déclaré l’analyste.

Des acteurs extérieurs ne pourraient-ils pas «attiser la colère»?

Il constate que les manifestations ont envahi le sud et le nord du Liban, réunissant des musulmans, des chrétiens et des druzes, et se demande si des acteurs extérieurs n’attisent pas la colère populaire.

«Jusqu'à présent, les manifestations semblent spontanées et sans ingérence extérieure directe et évidente. Néanmoins, à en juger d’après l'empressement avec lequel les médias internationaux mainstream ont décidé de couvrir ces manifestations et leur soutien au soulèvement, on pourrait bien le supposer», a poursuivi M.Kadi.

Et de relever que certaines forces pourraient sauter sur l'occasion pour influencer l'opinion publique, vu cette atmosphère de révolution qui règne au Liban.

«Ce soulèvement ne se transformerait pas en guerre civile à moins que des forces extérieures ne s’ingèrent», a résumé l’interlocuteur de Sputnik.
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