Invité ce vendredi 18 octobre au soir sur Europe 1, Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France entre 2008 et 2017, a répondu à la question du journaliste David Doukhan qui voulait savoir si le Président russe était «le maître du Proche-Orient».
«Poutine n'est pas le maître mais il a toutes les cartes pour peser, comme on dit aujourd’hui, sur la situation au Proche-Orient. C’est la première fois dans l’histoire que la Russie a de bonnes relations avec pratiquement tous les pays de la région», a-t-il expliqué.
Le diplomate a rappelé que le Président russe venait d’effectuer une visite d'État en Arabie saoudite et qu’il avait également «de très bonnes relations avec Israël».
Le journaliste a tout de même voulu se faire préciser si, compte tenu l’influence de Vladimir Poutine au Proche-Orient, le Président turc aurait pu lancer son opération militaire contre les Kurdes sans «le feu vert de Moscou».
Selon M.Orlov, le Président turc «n’a jamais demandé le feu vert à Moscou» mais il a «bien sûr informé Poutine et les autorités russes de prochaines offensives puisqu’il existe le processus d’Astana qui réunit les dirigeants turcs, russes et iraniens».
Toujours d’après le diplomate, le Président russe aurait tenté de dissuader son homologue turc à lancer son opération.
«Il a dit à Erdogan de faire attention, qu'il comprenait ses soucis de sécurité mais qu'il fallait que sa réaction soit proportionnelle. Je pense que sur place, les choses sont toujours beaucoup plus compliquées qu'elles ne le paraissent», a supposé M.Orlov.
Il a admis également que lors de leur prochaine rencontre, qui se tiendra le 22 octobre à Sotchi, Vladimir Poutine rappellera peut-être au dirigeant turc que l’opération militaire d’Ankara «n’est pas la meilleure façon de garantir» la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie qui sont «la base de tout accord de paix au Proche-Orient» du point de vue de Moscou.
L’opération Source de Paix
Le 9 octobre, Ankara a lancé son offensive Source de paix dans le nord-est de la Syrie. Avec pour but, d’après Recep Tayyip Erdogan, de sécuriser la frontière turque au sud, protéger l’intégrité territoriale du pays voisin et assurer le retour des réfugiés syriens. Par la suite, Damas a envoyé ses forces armées dans le nord du pays, conformément à un accord passé avec l'administration kurde.
Le jeudi 17 octobre, après ses pourparlers avec le Président turc, le vice-Président américain, Mike Pence, a annoncé que Washington et Ankara étaient parvenus à un accord de cessez-le-feu dans le nord de la Syrie. D’après l’accord, la Turquie doit suspendre son action militaire pendant 120 heures pour permettre aux miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de quitter la zone de sécurité.