Peu après l’attaque à la préfecture de police à Paris, le journaliste Clément Weill-Raynal, qui travaille pour le groupe France Télévisions, a évoqué à l’antenne «l'auteur de ce qui semble bien être un attentat» et «l'hypothèse d'un acte motivé par l'islam radical». Il risquerait des sanctions de la part de sa hiérarchie, affirme Force ouvrière.
«Effaré» par la situation
Le Point a contacté le journaliste en question pour l’interroger. Selon Clément Weill-Raynal, il est «effaré» par la tournure que prend l'affaire.
Convoqué à plusieurs reprises
D’après le syndicat, Weill-Raynal a été convoqué à plusieurs reprises dès le lendemain de l'attaque.
«Au fil des entretiens, qui se sont déroulés dans une ambiance chaque fois plus orageuse, notre confrère s'est vu reprocher un "défaut de maîtrise à l'antenne", en particulier d'avoir trop tôt évoqué "l'hypothèse" d'un attentat terroriste d'inspiration islamiste, ce qui, pour sa direction, constituerait une "faute".»
Pour Clément Weill-Raynal, il n’a «fait que [son, ndlr] travail», d'abord en mentionnant certes un «attentat», sans toutefois le qualifier: «Il me semble que quand on poignarde quatre policiers, c'est un attentat.» Puis, il a émis une «hypothèse», s’appuyant sur les informations recueillies sur place.
«J'ai évoqué une hypothèse et, aujourd'hui, on me parle de faute professionnelle, c'est kafkaïen», résume le journaliste.
Ces «menaces et ces mises en cause sont injustifiables», a annoncé le syndicat, évoquant des «pressions» qui «relèvent de l'intimidation et du procès d'intention».
Commentaire de France télévisions
D’après la direction de l'information de France Télévisions cité par Le Point, le journaliste a tout simplement reçu un «rappel à l'ordre» pour des «consignes pas respectées» sur le partage des informations.
Attaque à la préfecture de police de Paris
Le 3 octobre, une attaque au couteau a frappé la préfecture de police de Paris faisant quatre morts — trois policiers et un agent administratif — ainsi qu’un blessé grave. Le tueur, qui travaillait à la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), a été abattu par la police.
Après avoir découvert certains signes de radicalisation au domicile de l’auteur de la tuerie qui s’était converti à l’islam, les enquêteurs estiment qu’il pourrait s’agir d’une attaque djihadiste. L’affaire a été soumise au parquet national antiterroriste.