Intervenant jeudi à la séance de clôture de la seizième édition du club de discussion Valdaï, le Président russe a signalé un lien qui existe entre la situation dans la région du golfe Persique et le règlement politique en Syrie et a exhorté Riyad et Téhéran à ne pas faire de la Syrie un «champ de confrontation».
«Nous sommes ouverts au dialogue non seulement sur le problème de la Syrie, mais aussi sur toutes les autres questions importantes de la région. […] Malheureusement, l’Arabie saoudite s’ingère dans les affaires intérieures syriennes, alors que l’Iran est présent sur le territoire de la Syrie légalement, à l’invitation du Président de ce pays arabe. Nous menons en permanence des négociations avec la Russie sur un règlement politique en Syrie, et nous sommes tout aussi prêts à négocier avec Riyad. Nous saluons dans les négociations le concours de n’importe quel État ami», a déclaré à Sputnik Hossein Sheikholislam, ancien ambassadeur d’Iran en Syrie et conseiller du chef de la diplomatie iranienne.
Un autre interlocuteur de l’agence, le politologue iranien Hassan Hanizadeh, spécialiste des problèmes du Proche-Orient, a estimé pour sa part que, dans l’actuelle situation géopolitique dans la région, la réconciliation entre Riyad et Téhéran serait possible si l’Arabie saoudite cessait de suivre la politique des États-Unis.
«La déclaration du Président russe Vladimir Poutine est un important appel stratégique. S’il est sérieusement suivi par Téhéran et Riyad, bien des crises régionales seront désamorcées, notamment la question syrienne sera résolue, tout comme les crises au Yémen et en Irak», a indiqué l’expert.
Et d’ajouter que toutes ces crises et guerres, et surtout la guerre de l’Arabie saoudite contre le Yémen, avaient épuisé les forces des pays de la région, tout en poussant les États-Unis à concentrer leurs troupes au Proche-Orient afin de préserver leurs propres intérêts.
«Compte tenu du poids politique de Moscou sur la scène internationale et du respect dont bénéficie Vladimir Poutine dans le monde, la Russie a toutes les chances de médiation efficace dans la normalisation des relations entre Riyad et Téhéran», a relevé le politologue.
Le Président iranien Hassan Rohani a récemment reçu d’Arabie saoudite un message par l’intermédiaire d’un pays tiers. Selon Hassan Hanizadeh, cette démarche de Riyad dans le sens du rapprochement avec Téhéran s’explique par la déception de l’Arabie saoudite par la politique de Donald Trump.
«C’est justement à cause de sa déception par la politique américaine que l’Arabie saoudite aurait aspiré à engager un dialogue avec l’Iran et a envoyé cette lettre. […] Néanmoins, nous ne sommes pas pour le moment tout à fait certains de la sincérité de cette aspiration», a résumé l’expert.