Mû par un rêve un peu dingue, le musicien britannique Peter Gabriel a, avec son équipe, marqué le début des tentatives d’invention d’un système de communication électronique inter-espèces. C’est une expérience datant d’il y a dix-huit ans qui l’a poussé à réfléchir dans ce sens. Il avait alors improvisé un bœuf au piano avec deux primates, Kanzi et Panbanisha et démontré ainsi que les animaux comprennent instinctivement le langage musical.
En 2013, Peter Gabriel, accompagné par Diana Reiss, spécialiste de la cognition et du langage chez les dauphins, Neil Gershenfeld, inventeur du concept de Fab lab, et Vint Cerf, l’un des pères fondateurs du Web, a dévoilé pour la première fois le projet Interspecies Internet lors d'une conférence TED.
Un projet difficile à réaliser
Techniquement, c’est un projet qui est extrêmement difficile à réaliser. Il présente des difficultés particulières telles que l’adaptation d’une interface de communication à chaque espèce. Cependant, à mesure que les algorithmes de reconnaissance du langage naturel (NLP) et les interfaces de communication évoluent, cette tâche devient de plus en plus envisageable.
L'équipe de recherche utilise déjà des interfaces classiques, comme FaceTime ou Skype, chez les orang-outans et les écrans tactiles pour les dauphins. Pour décoder les sons des baleines, dauphins, primates et autres animaux, l’Earth Species Project met à profit le deep learning non supervisé alors que des primatologues veulent faire de singes des traducteurs inter-espèce en les formant dans un environnement humain.
Bien que cette idée puisse paraître absurde, le projet d’Interspecies Internet avance au rythme de la recherche et de l’innovation grâce à Jeremy Coller, le millionnaire américain, qui le finance majoritairement. Il poursuit avant tout un objectif louable: celui de la protection animale. Il croit qu’il serait plus difficile de manger des animaux si ceux-ci pouvaient parler.