Le regard du chien
L'amour pour les chiens est profondément ancré dans nos gènes. Selon les calculs de chercheurs suédois ayant suivi 35.000 paires de jumeaux, la volonté d'adopter un animal de compagnie est déterminée à plus de 50% par des facteurs génétiques.
On ignore pour l'instant quels gènes précis sont à l'origine de la volonté d'adopter un chien. Mais il est tout à fait possible qu'ils soient plus ou moins liés à notre perception des mimiques des chiens. Car pendant le processus de domestication, l'anatomie des muscles mimétiques de ces animaux a évolué: les deux principaux chez les chiens, LAOM (levator anguli oculi medialis) et RAOL (etractor anguli oculi lateralis) ont une structure légèrement différente par rapport à leurs ancêtres sauvages, les loups. Le premier soulève la partie intérieure du sourcil alors que le second lève le coin extérieur de l'œil vers l'oreille. C'est pourquoi les yeux du chien semblent plus grands et que leur expression leur donne un air légèrement vexé.
D'après les biologistes américains et britanniques, les hommes apprécient cette expression parce qu'elle rappelle un visage humain vexé ou triste. Et il est tout à fait probable que cette particularité des chiens soit liée à la volonté d'en prendre soin. Les auteurs de l'étude indiquent que les animaux qui bougent plus souvent et plus activement les sourcils sont généralement plus souvent adoptés dans les refuges que les chiens moins émotifs.
En témoigne également la sécrétion d'ocytocine dans les organismes du chien et de l'homme lors d'un contact visuel entre eux. Cette hormone stimule la confiance et crée un sentiment d'attachement. C'est elle qui participe à la création d'un lien émotionnel entre la mère et son enfant. Il est évident qu'une telle réaction ne peut survenir qu'en réponse à des particularités extérieures du chien, notent des chercheurs japonais.
Pour les chiens, la sécrétion d'ocytocine permet de mieux lire les émotions humaines et de créer des relations sociales au sein de la famille du maître. Dans ce sens, ils ont encore plus de maîtrise que nos parents les plus proches, les chimpanzés.
Les chevaux
Un autre grand ami de l'homme, le cheval, possède des muscles mimétiques tout aussi développés. Selon des chercheurs américains et britanniques, la palette d'expressions de ces animaux est bien plus diversifiée que celle de certains primates, et selon certains critères leurs mimiques coïncident même avec celles de l'homme. Chez les chevaux sont particulièrement développés les muscles autour de la bouche, des oreilles et du nez.
Les chercheurs ont analysé 15 heures de vidéo montrant les expressions du «visage» de 86 chevaux. Ils ont déterminé les principales unités de mimiques - l'extension des lèvres, le clignement et d'autres - pour les comparer à celles de l'homme. Il s'avère que les chevaux possèdent 17 mouvements élémentaires de ce genre (contre 13 et 16 pour les chimpanzés et les chiens respectivement), et la plupart coïncident avec les mouvements faciaux de l'homme. Par exemple, même malgré leur absence de sourcils, les chevaux parviennent à soulever la peau au-dessus du coin intérieur de l'œil, comme nous le faisons en bougeant les sourcils.
De plus, les chevaux sont non seulement capables de lire à la perfection les émotions de l'homme, mais ils peuvent également les associer à sa voix et s'en rappeler. Quand les chercheurs montraient aux animaux des photos avec des hommes en colère et ne souriant pas, par la suite les chevaux cherchaient à éviter ceux qui figuraient sur ces photos.
Or si l'animal apprécie quelque chose, il le fera forcément savoir à son maître. Le plus souvent, le signe d'approbation est l'ébrouement, mais il a été possible d'apprendre à certains chevaux d'utiliser des symboles pour communiquer avec l'homme. Et ils parviennent à le faire tout aussi bien que les chimpanzés et les gorilles.
Ces chats si mignons
Par contre, le chat reste un mystère. Ses mimiques sont moins riches par rapport au chien ou au cheval. Ainsi, des chercheurs britanniques et américains ont compté seulement 15 unités motrices exprimant les émotions de cet animal - oreilles et queue comprises. De plus, en matière de comportement, les chats domestiques actuels ne se sont pas très éloignés de leur ancêtre, le chat des steppes (Felis silvestris lybica), qui menait un mode de vie solitaire et nocturne.
Mais il s'avère que les chats n'ont pas besoin de mimiques: les câlins suffisent. En observant pendant quelques mois des animaux âgés entre 6 mois et 14 ans vivant dans trois refuges britanniques, les spécialistes ont découvert que les gens choisissaient plus souvent les chats qui se frottaient le plus activement aux différents objets dans la cage. Un tel comportement augmentait de presque 30% leurs chances de trouver un maître. Les fonctions du frottement restent un mystère, mais les spécialistes supposent que cela peut être un signe d'amicalité et de soumission.
Par ailleurs, les chats font partie des animaux qui lisent le mieux les émotions humaines. Dans une expérience de chercheurs de l'université d'Oakland (États-Unis) 12 chats commençaient à changer de comportement si leur maître souriait ou rechignait. Dans le premier cas, les animaux ronronnaient, grimpaient sur les genoux et cherchaient à rester à proximité. Dans le second cas, ils fuyaient leur maître.
Cependant, certains spécialistes supposent que l'homme n'est pas attiré par les chats à cause de leurs câlins, mais à cause des parasites intracellulaires ordinaires. Le toxoplasme (Toxoplasma gondii) perçoit l'homme comme un hôte intermédiaire, autrement dit, à l'intérieur de notre corps, il ne peut se trouver que sous la forme de larves. Alors que les chats, hôte principal du toxoplasme, en ont besoin pour se reproduire. C'est pourquoi ces animaux peuvent sembler aux hommes aussi attirants. Selon une hypothèse, ces parasites peuvent affecter le travail du cerveau de l'hôte et poussent, par exemple, les souris atteintes à ne pas avoir peur des chats. Il est tout à fait possible qu'un processus similaire se déroule avec le cerveau humain après une toxoplasmose. Toutefois, il n'y a pas encore d'études scientifiques confirmant ou réfutant ces suppositions.