Le Québec, futur État américain?

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À quel point le Québec subit-il l’influence des États-Unis? Cette question fait toujours débat dans la Belle Province. D’aucuns dénoncent l’américanisation du Québec, mais le chef du Parti 51, Hans Mercier, veut plutôt l’annexer aux États-Unis! À l’occasion de la Fête nationale américaine, Sputnik s’est entretenu avec ce politicien hors du commun.

Le Québec entretient depuis longtemps des liens importants avec les États-Unis. Peut-être aussi importants qu’avec le reste du Canada, selon certains analystes. Le chef du Parti 51, Hans Mercier, fait partie de ces observateurs tournés vers le pays de l’Oncle Sam. Avocat réputé dans sa région, la Beauce, il rêve de séparer le Québec du reste du Canada. Mais à la différence des souverainistes, il voudrait en faire un État américain, plutôt que vraiment indépendant… Formation marginale, le Parti 51 n’est pas moins symptomatique du courant proaméricain au Québec.

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Sputnik France: Votre formation politique, le Parti 51, propose d’annexer le Québec aux États-Unis. Rien de moins! Quels seraient les principaux avantages pour le Québec à rejoindre les États-Unis?

Hans Mercier: «Une meilleure économie, une meilleure sécurité, un meilleur système politique, une meilleure reconnaissance de la culture québécoise. Je vous dirais que ce sont les quatre éléments clés. Il y a aussi un patriotisme qui n’existe pas au Canada. Par exemple, la Fête de la Confédération canadienne, le 1er juillet, est probablement la fête nationale la plus ennuyante au monde. Aux États-Unis, ce sont les feux d’artifices, la musique, les spectacles. Les Américains fêtent en grand leur indépendance. En France, on retrouve le même état d’esprit. Même à Toronto, les festivités ne sont pas extraordinaires pour la fête du Canada. C’est assez difficile d’identifier ce qu’est la culture canadienne, surtout dans cet État ‘‘postnational’’ prôné par le Premier ministre Trudeau».

Sputnik France: Les Québécois craignent déjà de perdre leur culture et leur langue. La préservation de l’identité québécoise est un thème récurrent du débat politique. Comment le Québec pourrait-il rester lui-même s’il était annexé aux États-Unis, cet immense empire anglophone?

Hans Mercier: «Le système constitutionnel américain est meilleur que le système constitutionnel canadien. Il serait plus avantageux pour le Québec. Plusieurs personnes pensent que devenir américain, c’est nécessairement abandonner sa culture initiale. Les États-Unis, ce n’est pas ça. Au contraire, les États-Unis sont un amalgame de cultures. Dans ce pays, chaque État a sa culture qui lui est propre et qui est respectée. Ce serait justement un avantage pour le Québec qu’il n'a pas dans le cadre fédéral canadien, où les provinces ont très peu d’autonomie par rapport au gouvernement central. Le Québec gagnerait déjà en indépendance en étant intégré à son voisin du Sud.

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Il faut comparer le Texas à la Californie ou au Vermont pour réaliser à quel point les États-Unis forment un pays diversifié. Les États-Unis, c’est cinquante pays, ce sont des cultures complètement différentes. […] En ce qui a trait spécifiquement à la langue, c’est plus facile de se faire servir en français en Floride qu’à Montréal, où l’anglais tend à prédominer. Les gens pensent encore que l’anglais est la langue officielle des États-Unis, alors que ce pays n’a pas de langue officielle. Beaucoup d’États ont déjà légiféré dans d’autres langues comme l’allemand et l’espagnol. […] Mais au-delà de ça, la survie de la culture et de la langue dépend des Québécois eux-mêmes, et non de quelconques politiques gouvernementales. Ça dépend de la fierté des Québécois. Il n’y a pas une seule loi dans l’histoire de l’humanité qui a réussi à sauver une culture. Nous ne pouvons pas forcer les gens à parler une langue. Les Québécois seraient plus en mesure de protéger leur culture en étant intégrés à l’une des plus grandes économies mondiales».

Sputnik France: On dit souvent du Québec qu’il est une société à cheval entre les États-Unis et la France. Selon vous, les Québécois sont donc plus américains que français?

Hans Mercier: «Je pense aussi que les Québécois sont à cheval entre les deux. Le Québec pourrait devenir la France d’Amérique du Nord. Nous avons le meilleur des deux, mais essentiellement, les Québécois s’identifient beaucoup plus à la culture américaine. Même les Français sont maintenant beaucoup influencés par la culture américaine, avec Hollywood et la musique populaire. L’influence traverse l’océan.

[…] Les Québécois ne seraient pas dépaysés s’ils devaient rejoindre les États-Unis. Je vous dirais même que les Québécois sont beaucoup mieux reçus aux États-Unis qu’ils ne le sont au Canada anglais… Au Canada anglais, les Québécois sont le peuple dont on aimerait se passer, ils sont vus comme des gens qui se plaignent. Nous ne sommes pas très bien vus, même si je ne veux pas généraliser. […] Les Canadiens anglais ne sont pas fiers de la part francophone du Canada. Rappelons aussi que le Québec a été conquis militairement par l’Empire britannique, ce qui a laissé des traces négatives. Les Québécois n’ont pas un bon rapport à la monarchie anglaise. Ils sont républicains, comme les Français et les Américains».

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Sputnik France: Il y a un fort courant antiaméricain au Québec. Comment expliquez-vous la présence de courant, malgré l’affinité culturelle que vous voyez entre le Québec et les États-Unis?

Hans Mercier: Il y a beaucoup de mythes et de clichés qui circulent sur les États-Unis. Par exemple, Donald Trump est caricaturé, même s’il est lui-même une caricature. Donald Trump nourrit cet anti-américanisme […] Cela dit, nous avons au Québec une élite très déconnectée du peuple. L’ancien Premier ministre québécois, René Lévesque, conseillait de nous méfier des gens qui disent aimer le peuple et qui détestent tout ce que le peuple aime. C’est très d’actualité au Québec. Par exemple, si on parle aux Québécois moyens, ils vont tous, ou presque, en vacances aux États-Unis. L’élite déteste les mythes qui circulent sur les États-Unis – par exemple sur les armes à feu sans contrôle –, mais les gens ne détestent pas le pays en tant que tel. La majorité silencieuse –qui n’est pas représentée dans les médias– ne voit pas nécessairement les États-Unis comme le dernier dinosaure de la droite».

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