L'État ferme les yeux sur la pollution dans la baie entre Quintero et Puchuncavi et ne contrôle pas les rejets de gaz toxiques de plus d'une trentaine d'usines, dont une fonderie-raffinerie de cuivre, quatre centrales électriques au charbon, des terminaux pétroliers et gaziers, ainsi que des industries chimiques, a déclaré à Sputnik Cristina Ruiz, de l'organisation «Résistance des femmes de la zone de pollution» (Muzosare).
Elle a raconté à l'agence que, le 23 août, elle avait senti ses bras et ses jambes vaciller, en se levant de sa chaise. Elle souffrait alors de maux de tête, de nausées, d'une tachycardie et de difficultés respiratoires.
«Cela faisait longtemps que j'avais ces symptômes sans toutefois les associer aux industries», a expliqué la femme.
Et d'ajouter qu'à l'hôpital les médecins lui avaient diagnostiqué un empoisonnement de longue date.
Les émissions des industries qui se sont progressivement installées dans la région depuis les années 1950 comprennent du nitrobenzène, du toluène, du dioxyde de soufre et du méthylchloroforme. Quoi qu'il en soit, ce dernier a été interdit au Chili en 2015, après la signature du protocole de Montréal. Les scientifiques ont prouvé que ce gaz provoquait la leucémie. Par ailleurs, on a appris récemment que beaucoup de puits d'eau potable étaient contaminés.
Comme d'autres membres de son organisation écologiste, Cristina constate avoir souvent ressenti une forte odeur de gaz, comme celle qu'avaient ressentie les étudiants du lycée polytechnique de Quintero le 21 août dernier, se plaignant de maux de tête et de nausées.
Elle se souvient aussi avoir remarqué le 23 août des nuages jaunes dans le ciel. C'était d'ailleurs, selon elle, un phénomène qui se produisait à une certaine fréquence et que ces nuages libéraient des résidus sur les arbres et les voitures, qui, au contact de la peau, provoquaient des éruptions cutanées, des démangeaisons et des picotements du nez.
En 2016, toutes les installations industrielles de la région ont été poursuivies pour dommages environnementaux. Le 11 décembre, la présidente de l'association Muzosare, Katta Alonso, ainsi que Cristina Lux et Alejandra Donoso, avocates de l'agence chilienne pour la protection écologique, ont participé à la session du 3e cycle de l'examen périodique universel des Nations unies à Genève.
«Il est nécessaire d'élaborer une législation spéciale pour nettoyer le Chili des zones de pollution permanente pour que nos enfants soient enfin en bonne santé, afin que nous puissions vivre dans un environnement propre, et non pollué», a déclaré à Sputnik Mme Alonso.
Les villes de Quintero et de Puchuncavi sont coutumières des épisodes de pollution à cause de grandes usines installées le long de la baie. Pour cette raison, les autorités ferment souvent les écoles au lieu de fermer les usines, constatent les écologistes, dénonçant une telle politique qui fait, selon la presse, de cette zone industrielle une zone sacrifiée à cause de la pollution.