Pour célébrer l'anniversaire de la libération d'Athènes de l'occupation nazie le 12 octobre 1944, le Président allemand, Franck-Walter Steinmeier, était en visite officielle en Grèce du 10 au 12 octobre dernier. À cette occasion, il a d'abord rencontré son homologue grec, Prokopis Pavlopoulos, puis le Premier ministre hellène, Alexis Tsipras, afin d'aborder la situation économique, financière et géopolitique de la Grèce et de l'Europe du Sud-Est.
Dans un premier temps, les deux Présidents ont publié une tribune dans le journal Kathimerini, appelant à une «Europe plus puissante et plus convaincante», pour réaffirmer les valeurs européennes et freiner la croissance des partis europhobes.
«Nos valeurs et nos croyances sont sous pression, à un degré sans précédent depuis la fin de la Guerre froide. La pensée autoritaire, que nous pensions avoir vaincue après l'effondrement du totalitarisme, est revenue à la surface et est malheureusement une "source de charme" pour beaucoup de gens. Le nationalisme et l'euroscepticisme sont en augmentation dans de nombreux endroits de l'Union européenne», écrivent les deux dirigeants dans les colonnes de Kathimerini.
Plus tard, le plus haut dignitaire allemand a rencontré Alexis Tsipras, pour qui il a exprimé son «respect» avant d'appeler à prendre un «nouveau départ» dans leurs relations bilatérales. Le chef de l'exécutif grec a quant à lui mis l'accent sur les problématiques européennes en déclarant:
«Je ne peux pas être optimiste pour l'Europe, notre maison commune est menacée par la montée de l'extrême droite».
Les relations greco-allemandes ne sont pas au beau fixe, l'opinion publique grecque ayant du mal à digérer le régime d'austérité imposé depuis dix ans, en partie à cause de l'orthodoxie budgétaire dont l'ancien ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, était un fervent défenseur.
Mais un autre dossier s'est immiscé dans les discussions bilatérales: celui des dommages de guerre qu'Athènes réclame à Berlin. À son arrivée au pouvoir en 2015, Alexis Tsipras avait demandé à l'Allemagne de payer quelque 280 milliards d'euros de dommages de guerre en dédommagement des «dépenses d'occupation» auxquelles la Grèce avait dû se plier.
Si Franck-Walter Steinmeier s'est, comme son prédécesseur, excusé pour «les crimes commis» par l'Allemagne en Grèce durant la Seconde Guerre mondiale, il n'a en revanche rien dit d'un éventuel remboursement à Athènes, si ce n'est en insinuant qu'il fallait passer à autre chose:
«De vieux préjugés ont laissé leur empreinte dans des débats houleux […] ils ne peuvent pas être oubliés», tout en ajoutant qu'il serait nécessaire de trouver «un moyen de sortir de cette négation bilatérale», a déclaré M. Steinmeier lors du dîner officiel selon l'agence de presse allemande DPA.»