Le quotidien Izvestia revient sur les principaux moments de ces exercices historiques.
Des manœuvres particulières
Le colonel de réserve Viktor Mourakhovski, rédacteur en chef du magazine Arsenal Otetchestva, a attiré l'attention sur plusieurs détails des manœuvres en cours.
«Hormis l'ampleur des exercices, il convient de souligner les questions de mobilisation et d'utilisation des forces de sécurité territoriale. De plus, pour la première fois a été travaillée la projection des troupes par les structures civiles. Cela concerne les voies ferrées, l'aviation et le transport routier. La mobilisation des réserves des forces armées est largement travaillée. En particulier, un régiment du génie a été mobilisé — il s'agit de forces commandées au niveau des districts», note Viktor Mourakhovski.
Selon Viktor Mourakhovski, il convient d'attirer l'attention sur les délais rapides de la création de groupes interarmées. «Ces délais sont sans précédent. Dans l'ensemble, en termes d'ampleur et de vitesse, c'est probablement les projections les plus significatives de l'histoire nationale en temps de paix, même si l'on prend en compte la période soviétique, et elles sont comparables au déploiement de l'armée lors de la détérioration des relations avec la Chine fin 1960-début 1970 — mais ce déploiement était bien plus long», indique l'expert.
De plus, Viktor Mourakhovski remarque le franchissement de la Route maritime du Nord par la flotte du Nord, qui a illustré les possibilités de projection de grands groupes navals.
Dans l'ensemble, selon les sources ouvertes, près de 300.000 hommes ont participé aux manœuvres.
Balancer le pendule
Un tel «pendule» doit garantir aussi bien la réaction rapide aux menaces locales dans différentes régions que la concentration de grands groupes en cas de risque de grande guerre.
Au final, la projection des forces et du matériel devient un élément central des exercices (notamment quand il est question des manœuvres des districts militaires Est et Centre, avec leurs immenses distances), et la protection de l'infrastructure tout comme son maintien en état opérationnel sont la mission principale de la défense du pays.
Regard sur l'Occident
Traditionnellement, les médias occidentaux accordent une grande importance aux manœuvres Zapad («Occident» en russe) en exagérant régulièrement leur ampleur: ainsi, les estimations des effectifs participant aux manœuvres Zapad-2017 dépassaient 100.000 hommes, alors qu'en réalité moins de 13.000 militaires y participaient — essentiellement des soldats biélorusses.
Voici l'ampleur des exercices des 10 dernières années:
Exercices Nombre d'hommes
Zapad-2009 12.500
Vostok-2010 20.000
Centre-2011 12.000
Caucase-2012 8.000
Zapad-2013 10.000
Vostok-2014 155.000
Centre-2015 95.000
Caucase-2016 12.500
Zapad-2017 13.000
Vostok-2018 300.000
Ce tableau indique que les manœuvres les plus importantes se déroulent précisément dans le cadre des exercices des districts Est et Centre, ce qui s'explique tant bien par leur taille que par l'espace disponible pour les manœuvres de ce niveau au vu de leur densité de population plus faible.
«Bien sûr, il est impossible d'organiser en Occident des manœuvres d'une telle envergure — il n'y a pas de place pour cela. En comparant ces exercices à l'échelle européenne, ce n'est même pas le fameux «corridor de Suwalki» dont parle la presse occidentale. C'est l'ampleur d'une opération offensive stratégique sur l'axe européen», a noté Viktor Mourakhovski.
Les exercices d'envergure deviennent ces derniers temps une routine pour les deux camps de la nouvelle guerre froide. D'un côté, c'est un signe indéniable de hausse de la tension dans les relations entre la Russie et l'Occident, de l'autre, la disposition opérationnelle affichée permet de dissuader les opposants potentiels de régler les problèmes par la force.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.