Les États-Unis envisagent d'utiliser plus largement les infrastructures militaires grecques et d'y déployer provisoirement plus de soldats sans toutefois renoncer à la base aérienne d'Incirlik, en Turquie. Cette initiative américaine aurait un impact négatif tant sur la Grèce elle-même que sur l'ensemble de l'Union européenne, a déclaré à Sputnik Rifat Sait, ancien député turc du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) et chef du Centre des études stratégiques des Balkans.
«Pas un seul pays où les États-Unis ont renforcé leur présence militaire n'a connu la prospérité. Les Américains ne font qu'exploiter dans leur propre intérêt le territoire de ces pays, ce qui a finalement mené à des conséquences négatives pour ces derniers», a rappelé l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que la Grèce ne ferait sans doute pas elle non plus exception à cette règle.
«Cette initiative de Washington n'apportera aucun avantage réel à Athènes. Qui plus est, elle se répercutera de façon négative sur l'Union européenne, dont la Grèce est membre», a poursuivi le Turc.
Il a même supposé que l'Allemagne et la France en seraient particulièrement affectées.
«Pour ce qui est de la Turquie, cela n'aura pour elle aucune conséquence parce qu'elle pratique une politique indépendante en matière de sécurité nationale et possède le puissant instrument d'influence qu'est la base d'Incirlik», a expliqué M.Sait.
Un autre interlocuteur de Sputnik, Mete Yarar, spécialiste turc des questions de sécurité, a signalé pour sa part un lien entre le renforcement de la présence militaire américaine en Grèce et la montée des tensions en Méditerranée.
«Je ne pense pas que les projets des États-Unis d'accroître leur présence militaire en Grèce soient directement liés à la crise de leurs relations avec la Turquie. À mon avis, ces deux points doivent être examinés séparément. J'estime que cette initiative de Washington s'explique avant tout par sa préoccupation face au renforcement des positions de la Russie et de la Chine en Méditerranée», a conclu l'expert.