Le 5 juin 2013, Clément Méric succombait des coups reçus lors d'un affrontement avec des skinheads en plein cœur de Paris, en marge d'une vente privée de la marque Fred Perry. En ce 4 septembre, cinq ans après cet événement tragique, s'ouvre à la Cour d'assises de Paris le procès des agresseurs du jeune militant antifasciste. De nombreuses questions restent en suspens: rixe entre «antifas» et «skins» qui a mal tourné ou «assassinat politique»? Est-il mort des coups portés avec ou sans poing américain ou d'une chute lors de la rixe?
«Il est très loin des sympathies qu'il pouvait avoir avec ces groupes extrémistes», explique Me Maisonneuve.
Si l'avocat d'Esteban Morillo souhaite plaider la légitime défense, il rappelle la tragédie découle d'une bagarre entre les deux groupes et non d'«une expédition punitive» donc «ce n'est pas une action de nature politique».
Un point de vue qui est pourtant loin de convaincre les parents de Clément Méric. Pour eux,
«Le procès doit permettre de dire la vérité sur les circonstances dans lesquelles Clément a été tué et sur les responsabilité de ses agresseurs […] qui appartenaient à une mouvance politique d'inspiration néo-nazie qui fait de la violence un procédé d'action privilégié.»
Or, l'avocate de la famille Méric abonde dans leur sens en expliquant que ces violences sont «volontaires et reconnues.»
«Il va falloir pendant ce procès analyser ces violences et ne pas détourner le regard de leur racine, c'est-à-dire d'une certaine idéologie qui est prônée par les auteurs des coups qui ont été portés à Clément Méric», conclut Me Cosima Ouhioun.
Quant à Me Antoine Vey, avocat de Samuel Dufour, également mis en examen pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner», l'enjeu est
«D'établir la réalité des faits et de juger en droit. Effectivement, notre client n'a porté aucun coup à Clément Méric, il va demander que cela soit judiciairement constaté […] et qu'il soit mis hors de cause de la mort tragique de Clément Méric.»
La première audience a d'ailleurs été reportée à 13h45 à cause de ce dernier. En effet, selon un de ses avocats, Samuel Dufour a été interpellé à moto pour un contrôle d'identité et n'a donc pas pu se présenter en temps et en heure à l'ouverture du procès, initialement prévue à 9h30.
Après le premier jour d'audience, des militants antifascistes ont posé une « plaque » commémorative, rue Havre-Caumartin (Paris), en hommage à Clément Méric.