La vague de changement ayant ébranlé l'Armée nationale populaire (ANP), décidée par le Président Abdelaziz Bouteflika suite à la saisie, le 29 mai, de 701 kg de cocaïne dans le port de la ville d'Oran, aurait pour but le parachèvement de sa professionnalisation et consacrerait son retrait définitif de la vie politique du pays. C'est ce qu'ont confié le 3 septembre des diplomates occidentaux et des anciens hauts gradés des services de renseignement algériens, ayants requis l'anonymat, à l'agence Reuters.
«La fin de la mainmise de l'armée sur le pays risque de prendre du temps. Or, les premiers résultats [de la réforme] sont très visibles. Les limogeages qui, d'habitude, soulevaient des vents de polémique deviennent une simple routine», ont-elles estimé.
S'exprimant sur le même sujet, un ancien officier des services de renseignement algériens, a affirmé que «les militaires avaient l'habitude de limoger et non pas d'être eux-mêmes limogés!».
«Les décisions qui étaient d'ordinaire prises aux Tagarins [siège du ministère de la Défense nationale, ndlr] sont désormais prises à la résidence présidentielle [médicalisée] de Zéralda», a-t-il précisé.
Dans son édition du 4 septembre, le site d'information Algeriepatriotique avait estimé que les déclarations des sources diplomatiques occidentales et des anciens officiers des renseignements algériens citées par Reuters «tranchent avec les commentaires des principaux soutiens du pouvoir, selon lesquels ces changements (…) s'inscrivent dans le cadre d'un processus "normal ", destiné à injecter du sang neuf dans ces institutions». «(…) au contraire, (…) ces changements traduisent une volonté de "rééquilibrer" les pouvoirs entre l'institution présidentielle et l'institution militaire», continuait le site.
À ce sandale qui a ébranlé la société algérienne s'était ajouté, sur la scène politique, l'appel du président du Mouvement de la société de paix, Abderrezak Mokri, à l'armée d'intervenir pour assurer une transition politique, laissant ainsi entendre que l'institution militaire aurait opposé un véto à l'idée d'un 5e mandat du Président Bouteflika, jugé trop affaibli par la maladie.
Face à cette situation préoccupante, aggravée par l'instabilité externe à la frontière est du pays, partagée avec la Tunisie et la Libye, et à la frontière sud limitrophe avec la région du Sahel, où sévissent des groupes terroristes sur fond de grave crise migratoire, le Président Abdelaziz Bouteflika avait appelé, le 20 août, les Algériens à créer un front populaire interne pour garantir la stabilité du pays en prenant exemple sur les éléments de l'Armée nationale populaire (ANP) et tous les autres organes de sécurité.