Les cercles politiques français se sont émus de la campagne de fichage politique menée par l'ONG belge DisinfoLab et semblent ne pas encore s'en être remis. Au micro de Sputnik, l'eurodéputé Nicolas Bay (Rassemblement national) s'est dit inquiet à l'idée que les méthodes du groupe belge soient réutilisées durant les élections européennes de 2019.
«Nous sommes aujourd'hui à 10 mois des élections européennes et voir ce genre de méthodes utilisées par des personnes qui se comportent comme des bras armés en quelque sorte des institutions européennes, c'est évidemment très inquiétant sur la qualité du débat démocratique et sur la nécessité pour les institutions de conserver un principe d'égalité et d'impartialité dans le cadre des élections».
Selon M.Bay, l'organisation elle-même, et non seulement ses méthodes, devrait être remise en cause parce qu'elle est «très liée aux institutions européennes puisqu'elle a un partenariat et, semble-t-il, peut-être même un financement qui provient du service de l'action extérieure de l'UE, c'est-à-dire de la Commission européenne»:
«Il apparaît que loin d'être une entité impartiale, elle a procédé à un fichage politique méthodique de tous ceux qui ne vont pas dans le même sens politique que les institutions européennes s'agissant notamment des questions de l'échange avec la Russie».
«Ils ont essayé de faire croire que c'est la politique russe qui aurait essayé de créer l'affaire Benalla ce qui est évidemment une bêtise», explique l'eurodéputé, ajoutant que le peuple français a été indigné par tout autre chose, ayant compris qu'Emmanuel Macron et son entourage immédiat avait protégé Alexandre Benalla.
L'enquête de DisinfoLab, une «officine de propagande à la solde des institutions européennes», pour M.Bay, a touché — ou plutôt fiché — nombre de ses collègues.
«Nous avons été fichés non seulement en notre qualité politique française de division parlementaire du Rassemblement national, mais nous sommes également fichés comme étant proches de la Russie. Ce qui montre bien que c'est un véritable fichage politique et que ça ne se limite pas à des catégories qui sont publiques, il s'agit de placer des personnes dans des cases et de procéder à un véritable fichage indépendamment d'étiquettes politiques revendiquées par les uns et les autres».
Tandis que la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a annoncée avoir été saisie d'une vague de plaintes peu après la publication des résultats de l'enquête, le vice-président du RN affirme également étudier cette possibilité avec ses collègues fichés.
🔴Message important | La @CNIL a bien été saisie de plaintes concernant l’étude menée par @DisinfoEU. Pour une gestion optimale de l’instruction du dossier, il n’est donc plus nécessaire de saisir individuellement la CNIL à ce sujet. Merci de votre compréhension.
— CNIL (@CNIL) 9 августа 2018 г.
«Nous nous réservons évidemment le droit de nous défendre et d'engager des procédures qui se justifieraient mais notre riposte elle est d'abord politique. Notre riposte, c'est d'abord de dire qu'évidemment il n'y a pas de volonté d'intervention de la Russie dans la politique française», résume M.Bay, qui observe une volonté «de créer de toutes pièces de façon totalement artificielle cette idée-là».