« C'est confirmé », commente sur Twitter Greenpeace, qui avait flairé, avec le réseau Sortir du Nucléaire, un énième déboire à la centrale censée devenir le fleuron du nucléaire français: « A la fin du mois de mai, nous vous parlions d'un nouveau dérapage possible du côté de l'EPR de #Flamanville suite à la détection d'un problème de soudures ». C'est maintenant officiel.
#Nucléaire — A la fin du mois de mai, nous vous parlions d'un nouveau dérapage possible du côté de l'EPR de #Flamanville suite à la détection d'un problème de soudures: c'est confirmé. Son ouverture pourrait être repoussée à 2019, voire 2020. 1/4 https://t.co/quImCygp8j
— Greenpeace France (@greenpeacefr) 25 июля 2018 г.
Le mercredi 25 juillet, EDF a annoncé le report de la mise en service de l'EPR de Flamanville. La facture s'alourdit, tandis que le gouvernement repousse la fermeture de la centrale de Fessenheim… L'EPR devrait finalement être en service dans un an et 400 millions d'euros supplémentaires sont nécessaires pour résoudre des problèmes de soudures rencontrés sur le chantier.
« Il y a la question des soudures défectueuses, mais aussi des décisions, non-décisions, et d'absence de contrôle », dénonce Charlotte Mijéon du Réseau Sortir du Nucléaire, qui a porté plainte le 18 juillet, avec Greenpeace, en raison de « dix infractions au code de l'environnement ».
« Les soudures sont censées présenter une qualité de fabrication impeccable parce qu'elles sont dites ‘sous exclusion de rupture' […]. La contrepartie étant, puisqu'on suppose que cette haute qualité est atteinte, les scénarios accidentels, qui supposent une rupture, ne sont pas étudiés », déplore-t-elle.
« Les exigences supplémentaires pour atteindre ce niveau de ‘sous exclusion de rupture' n'ont pas été transmises au fournisseur. Cela dénote un certain défaut d'organisation et de communication interne ».
« Dès 2015, EDF avait repéré des défauts sur ces soudures, préfabriquées. C'est seulement en 2017 que l'Autorité de sûreté nucléaire a été avertie ». Chaque inspection révèle son lot de problèmes « quasi systémiques de malfaçon et de dissimulation de l'information et de mauvaise surveillance du prestataire », estime Charlotte Mijéon.
Le chantier a été lancé en 2004 sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin et la centrale devait entrer en service en 2012.
Sauf que la décennie de travaux a été marquée par des drames, de multiples problèmes liés aux nouvelles exigences en matière de sécurité des autorités françaises puis à la qualité des pièces.
L'EPR de Flamanville devait initialement coûter 3 milliards d'euros, mais la facture a déjà triplé. Ce surcoût de 400 millions d'euros, est « tout à fait gérable » d'après Nicolas Goldberg, du cabinet Colombus Consulting, cité par Les Echos: mais « les déboires à répétition de Flamanville ‘fragilisent la position d'EDF', qui milite pour la construction d'un deuxième EPR en France ».