Que l'Inde dépasse la France, c'est une surprise «annoncée». «Cela fait une quinzaine d'années qu'on voit émerger les économies émergentes», note Joël Ruet, économiste et chercheur au CEPN (Centre d'économie de Paris-Nord). «Ce qui est intéressant, c'est que l'horizon se rapproche sans cesse»… jusqu'à mettre à la marge les pays européens qui, il n'y a pas si longtemps encore, qualifiaient leurs lointains voisins de «pays en voie de développement»?
«L'Inde est beaucoup moins internationalisée que la Chine», ajoute le chercheur. Aussi, même si elle a raflé la sixième place à la France dans le classement des puissances économiques établi par la Banque Mondiale le 9 juillet dernier, sa présence dans le monde «reste inférieure à celle de la France». «On est au tout début de l'entrée de l'Inde dans l'économie mondiale», note l'expert.
La France, avec ses 1.9 % de croissance, est-elle vouée à dégringoler à la neuvième place, comme le prédit le Centre for Economics and Business Research, à Londres?
«La France est une économie qui est arrimée à ses grands voisins et à l'économie mondiale», explique M.Ruet, qui rappelle que «la structure industrielle en France est très différente de la structure industrielle en Allemagne», peu de PME étant intégrées dans le sillage des grandes entreprises.
«Il y a besoin d'innovation financière pour partager le risque d'innovation avec une PME. Aujourd'hui, quand une PME développe une innovation, elle prend 100% du risque… Et si elle survit à l'investissement, elle ne trouve pas toujours les moyens de son développement ».
En tout cas, rien n'est perdu pour la France: « C'est pendant qu'il y a la croissance qu'il faut mettre en place des actions courageuses et ça on l'a encore peu vu dans les nouveaux budgets publics depuis l'élection d'Emmanuel Macron».