Jusqu'à récemment, aucun moyen ne permettait de mesurer la toxicité à l'intérieur d'une cellule sans la détruire. L'équipe internationale de chercheurs, avec la participation de l'Université MISiS, a décidé de créer un tel procédé en utilisant des nanocapillaires, habituellement employés dans la microscopie électronique à balayage. Ils ont modernisé le nanocapillaire en le remplissant de carbone et en appliquant du platine au bout de celui-ci. Le nanocapillaire s'est ainsi transformé en nanoélectrode permettant d'ausculter les cellules mais aussi de pénétrer à l'intérieur à travers une ponction microscopique qui se ferme immédiatement après l'évacuation de la nanoélectrode.
La nanoélectrode a été testée à plusieurs reprises et a montré que l'on pouvait ainsi mesurer la concentration en DRO (dérivés actifs de l'oxygène), le taux de PH, d'ATP (adénosine triphosphate) et la concentration de glucose et d'ions de cuivre. Cependant, l'éventail d'emploi de cette méthode est beaucoup plus large. Elle permet, entre autres, d'établir la concentration de toxines lors de l'action de n'importe quel médicament sur les cellules vivantes. La nouvelle méthode a notamment été testée pour mesurer la toxicité des nanoparticules magnétiques dont l'emploi clinique a été autorisé, y compris pour la chimiothérapie.
On sait que les nanoparticules magnétiques provoquent l'apparition de dérivés actifs de l'oxygène à l'intérieur des cellules — les ions d'oxygène, radicaux libres et peroxydes qui apparaissent dans le cadre des réactions métaboliques naturelles ou sous l'effet des rayonnements ionisants. La concentration élevée de DRO dans la cellule conduit en règle générale à un "stress oxydatif" et à l'endommagement de celle-ci par l'oxydation. Cela veut dire que la hausse de la concentration en DRO intracellulaires compte parmi les premiers signes annonciateurs de la toxicité des cellules. L'Université MISiS a profité de cet effet pour évaluer la toxicité des nanoparticules magnétiques en mesurant les dérivés actifs de l'oxygène.
D'après les auteurs, les résultats de l'emploi de cette méthode montrent la différence substantielle qui existe entre les concentrations de DRO intracellulaires mesurées dans les cellules cancéreuses avant et après l'application des nanoparticules d'oxyde de fer (d'une taile de dix nanomètres). Conclusion: la nouvelle méthode peut constituer la base de l'analyse immédiate pour tester l'effet de la chimiothérapie.
Les scientifiques soulignent l'importance et le caractère prometteur de l'utilisation des nanoélectrodes pour l'analyse. Selon eux, cela permettra de garantir une évaluation relativement rapide, sensible et économiquement efficace de la toxicité des nanoparticules par l'étude des cellules isolées.