En dépit de sa formation relativement récente, le groupe naval la flottille du Nord est considéré comme l'un des plus puissants. Tour d'horizon des navires de la flotte du Nord, peu connus du grand public, qui se sont distingués au cours des 85 dernières années.
Le premier sous-marin sous-glaciaire
Le D-3 a combattu dès les premiers jours de la Grande Guerre patriotique et a participé à plusieurs opérations. Dans l'une d'elles, en automne 1941, l'équipage du Krasnogvardeets a coulé un pétrolier et trois navires de transport ennemis. En avril 1942, le sous-marin a reçu la distinction «de garde», mais cela n'a pas duré. En juin de la même année, il est parti en longue mission dans la mer de Barents et n'est jamais revenu. Le D-3 Krasnogvardeets n'a jamais été retrouvé, et est toujours porté disparu. Le lieu et les circonstances de son naufrage sont inconnus.
Le destroyer Gremiachtchi
Le destroyer Gremiachtchi du projet 7 a gagné pendant la Grande Guerre patriotique la réputation méritée du navire le plus héroïque de la flotte du Nord. Il a combattu dès les premiers jours de la guerre jusqu'en janvier 1945, quand il a été envoyé pour être entièrement rénové. Le Gremiachtchi a effectué plus de 90 missions, a parcouru près de 60.000 milles marins, a contré 112 attaques d'aviation, a abattu 14 et endommagé 20 avions allemands, a accompagné 40 convois d'alliés et 24 convois soviétiques, il est entré des dizaines de fois dans des duels d'artillerie contre l'ennemi, a bombardé des ports et des postes renforcés côtiers de l'ennemi, a sérieusement endommagé deux sous-marins avec des bombes de profondeur et en a détruit un.
Cette victoire a été remportée par le Gremiachtchi le 30 mars 1942. Avec d'autres navires, le destroyer accompagnait à Mourmansk depuis l'Écosse le convoi arctique PQ-13 avec du fret et du matériel militaires des USA, du Canada et du Royaume-Uni. A l'entrée de la baie de Kola, l'équipage du Gremiachtchi a découvert la cabine d'un sous-marin ennemi se dirigeant directement vers les navires des alliés. Le destroyer s'est placé le premier entre le convoi et le sous-marin ennemi qui avait eu le temps de plonger. A une vitesse de 20 nœuds, le Gremiachtchi s'est placé en position pour attaquer le sous-marin avec 12 bombes de profondeur. Des taches d'huile et des débris sont apparus à la surface. D'après la version du commandement de la flotte, le destroyer a éliminé le sous-marin allemand U-585. Pour ses exploits, le premier commandant du Gremiachtchi, le capitaine de corvette Anton Gourine, a reçu en 1945 le titre de Héros de l'Union soviétique.
Un chalutier audacieux
Le chalutier de pêche RT-10 Lebedka, mobilisé peu de temps avant la Grande Guerre patriotique et requalifié en escorteur, a prouvé qu'un bâtiment à lui seul pouvait faire la différence. Le 10 août 1941, cet ancien navire civil armé de seulement deux canons de 45 mm, de mitrailleuses et de petites bombes de profondeur a découvert trois destroyers allemands près du cap de Tsyp-Navolok. Le commandant du navire a eu le temps de transmettre un message radio au responsable de la flotte du Nord et de placer un écran de fumée avant que l'ennemi, en supériorité numérique, ne remarque l'escorteur soviétique.
Le Touman a été lancé en avant toute pour rejoindre la côte sous la couverture de l'artillerie côtière, mais les destroyers allemands étaient plus rapides. Ils se sont approchés à une distance de 50 encablures (un peu plus de 9 km) et ont ouvert le feu. La troisième salve a touché la cible: le Touman a reçu 11 impacts directs d'obus de 127 mm. Le commandant et le commissaire du navire ont été tués. L'arme du pont arrière a été endommagée et l'arme de proue ne pouvait pas tirer parce que les destroyers ennemis étaient hors de portée. Néanmoins, l'escorteur ne comptait pas se rendre. Pendant la bataille, les marins Blinov et Semenov ont accompli un acte héroïque: sous le feu ils ont hissé à nouveau le drapeau du navire arraché par l'explosion. Le Touman changeait constamment de direction, ralentissait et accélérait comme pour inviter l'ennemi à se rapprocher davantage. Et enfin, il l'a attiré sous le feu des batteries côtières.
Dès la première salve, l'artillerie a réussi à endommager le destroyer Z-4 Richard Beitzen. Les Allemands ne s'attendaient pas à se voir opposer résistance et ont rapidement battu en retraite, puis le Z-4 a dû être renvoyé en Allemagne pour de sérieuses réparations. Seulement après cela, le Touman gravement touché a coulé avec son pavillon levé. 37 membres d'équipage ont réussi à survivre, 15 de leurs camarades ont été tués.
Le nucléaire pacifique
Le premier sous-marin nucléaire soviétique, le K-3 Leninski komsomol du projet 627, n'a pas participé aux combats. Cependant, personne ne remet en question l'héroïsme de son équipage. Les premières années de constitution de la flotte sous-marine nucléaire soviétique furent une période d'essais et d'erreurs, les technologies de production et d'entretien des réacteurs n'étaient pas encore suffisamment étudiées et testées en pratique. Servir en tant que sous-marinier sur les tout nouveaux bâtiments était plus dangereux que le travail des pilotes d'essai. Le crash d'un avion emporte la vie d'un pilote, alors que le naufrage d'un sous-marin nucléaire touche des dizaines ou des centaines membres d'équipage. Les «broutilles» comme le mal des radiations étaient considérées comme un problème inévitable parmi les premiers sous-mariniers nucléaires.
Le Leninski komsomol a été mis à l'eau le 9 août 1957, et en 1961 déjà le sous-marin est parti effectuer sa première mission dans l'océan Atlantique. Un an plus tard, il effectuera la plus longue traversée sous les glaces de l'océan Arctique en franchissant deux fois le pôle Nord. Pour cette traversée, les officiers supérieurs du K-3 ont reçu le titre de Héros de l'Union soviétique, et tout l'équipage a reçu des ordres et des médailles. En plus de 30 ans de service, le K-3 a toujours affiché de bons résultats — mais n'était pas abouti. Les pannes mineures dans le moteur étaient chose courante. Mais la seule grave avarie sur le sous-marin ne s'est pas produite à cause du réacteur.
Le 8 septembre 1967, pendant une mission en mer de Norvège, un incendie s'est déclaré à bord du Leninski komsomol. Les deux premiers compartiments avec des torpilles se sont enflammés. Heureusement, l'explosion a pu être évitée, mais 39 sous-mariniers ont été tués par la fumée. Le sous-marin a réussi à rentrer à la base. L'équipage n'était pas responsable de l'incident. L'enquête a révélé par la suite que l'incendie avait été déclenché par une fuite de liquide inflammable à cause d'une pièce défectueuse.
La fraternité maritime
Si la plupart des actes héroïques des équipages des navires de la flotte du Nord pendant la Guerre froide devaient un jour être révélés, cela n'arriverait pas demain. L'URSS et les USA préféraient tous les deux garder secrets les incidents et les situations conflictuelles survenus en mer entre les deux superpuissances. Cependant, même en temps de paix, les marins soviétiques de la flotte du Nord devaient agir rapidement et résolument. L'équipage du croiseur léger Alexandre Nevski du projet 68 bis, qui est entré en service à la veille de 1955, a plusieurs fois illustré ses compétences opérationnelles. Le bâtiment a effectué plusieurs longues missions dans l'Atlantique et en Arctique, représentait la flotte du Nord lors des défilés navals et a été félicité lors de nombreux exercices et manœuvres.