La persécution de journalistes par les autorités ukrainiennes serait-elle devenue la norme?
Vassili Mouravitski
Arrêté en août 2017 à Jitomir par les forces spéciales du SBU à la maternité en présence de sa femme qui était en train de nourrir son enfant. Le journaliste est inculpé pour «haute trahison» et «atteinte à l'intégrité territoriale et à l'intouchabilité de l'Ukraine.» Le SBU a déclaré qu'il «préparait et propageait des reportages anti-ukrainiens».
Dmitri Vassilets et Evgueni Timonine
En septembre 2017, le tribunal de la région de Jitomir les a condamnés à 9 ans de prison. Timonine et Vassilets ont été interpellés et inculpés pour séparatisme en 2015. A titre de preuve, on invoque le fait que les deux figurants promouvaient sur internet une chaîne YouTube qui pouvait être diffusée sur le territoire des républiques autoproclamées du Donbass.
Узники совести т.н. "киевского режима" Дмитрий Василец и Евгений Тимонин после двух лет и трёх месяцев заключения переведены под домашний арест!#Украина #Руина #Василец #Тимонин #НечуванаСвободаСлова pic.twitter.com/EAXue87Frj
— Vladimir Rogov (@Vladimir_Rogov) 21 февраля 2018 г.
En février 2018, le tribunal de Kiev a annulé en appel la condamnation et a ordonné de libérer Vassilets et Timonine dans la salle du tribunal. Les journalistes ont été assignés à résidence.
Igor Goujva
Le rédacteur en chef du site Strana.ua a dû quitter l'Ukraine en février 2018 pour demander l'asile politique en Autriche. Goujva critiquait le gouvernement post-Maïdan. «Nous subissons une pression sans précédent des autorités. Personnellement je fais l'objet de cinq affaires pénales, et ce n'est pas fini», a-t-il déclaré dans une lettre ouverte, notant qu'il avait été menacé de mort.
Полиция в Киеве задержала главного редактора издания «Страна.ua»: https://t.co/ctqGxBUtj9
— Телеканал "Звезда" (@zvezdanews) 23 июня 2017 г.
Фото: Игорь Гужва / Facebook pic.twitter.com/xMckElaL6I
Alexandre Medinski
Ветеран АТО Александр Мединский: «Мы идем к нацистскому режиму»https://t.co/eIvmxFbzrr pic.twitter.com/fQ6QIxaxHX
— TOPWAR (@topwar_ru) 16 февраля 2017 г.
Rouslan Kotsaba
Écologue de profession, il était directeur du musée de la lutte libératrice Stepan Bandera à Ivano-Frankovsk. A l'élection présidentielle de 2014, il a voté pour Piotr Porochenko. Quand Kiev a lancé ladite «opération antiterroriste dans le Donbass», Kotsaba est parti couvrir les activités militaires. En 2015, il a publié le message vidéo «Je suis contre la mobilisation» en appelant les Ukrainiens à esquiver l'appel militaire. Il a décrit l'opération antiterroriste comme un «assassinat consciencieux de nos compatriotes qui habitent dans l'est». Kotsaba a été accusé de «haute trahison» et d'«obstruction à l'activité légale des forces armées». La dernière audience de son procès s'est tenue à Ivano-Frankovsk début 2018.
«Террористы и герои». Руслан Коцаба в прямом эфире – о двойных стандартах власти: https://t.co/k5ydeLtVxk pic.twitter.com/SJraXuBFfp
— Голос Правди (18+) (@golospravdycom) 5 февраля 2018 г.
Vitali Didenko et Elena Glichtchinskaïa
Oles Bouzina
Le célèbre écrivain et journaliste a été assassiné au printemps 2015 à Kiev devant son domicile. Les forces de l'ordre ont rempli toutes les formalités nécessaires, mais l'enquête était plutôt un simulacre. Il suffit de dire que les suspects ont été accueillis à la sortie du commissariat avec des fleurs. «Je ne me fais pas d'illusion quant à l'honnêteté du parquet dans le procès à venir», commentait alors Renat Kouzmine, représentant de Bouzina.
Pavel Cheremet
Le présentateur ukrainien et russe a été tué dans l'explosion de sa voiture à Kiev le 20 juillet 2016. L'enquête a établi qu'il s'agissait d'une bombe artisanale placée sous le véhicule. La police n'a toujours pas annoncé quoi que ce soit de concret sur les commanditaires du crime. Plusieurs médias ont avancé la version de l'implication de combattants de bataillons nationalistes dans l'assassinat. Il se pourrait que les plus hauts responsables des ministères de l'Intérieur et de la Défense aient été au courant de ces projets.
La citoyenneté étrangère ne sauvera pas
Kiev ne fait pas non plus dans la dentelle avec les journalistes étrangers. En 2014, dans le Donbass ont été tués le photographe Andrea Rocchelli, son assistant Andreï Mironov, le journaliste russe Igor Korneliouk et le cadreur Anton Volochine. Près de Snejnoe dans la région de Donetsk a été tué le photojournaliste de RIA Novosti Andreï Stenine. Les journalistes qui ont travaillé en dehors de la zone des activités militaires étaient constamment persécutés. En mars 2018 a été expulsée la journaliste Natalia Gontcharova de la chaîne Rossiya 24, et en novembre 2017 le journaliste géorgien Tamaz Chavchichvili. En août 2017, la collaboratrice de Pervy kanal Anna Kourbatova a été déportée par le SBU. A la même époque ont été expulsés les journalistes espagnols Antonio Pampliega et Manuel Angel Sastre. Et cette liste n'est pas exhaustive.
Le 15 mai, plusieurs agents du Service de sécurité d'Ukraine (SBU) ont fait irruption dans les locaux abritant l'agence de presse russe RIA Novosti Ukraine à Kiev. L'intervention du SBU est survenue quelques heures après l'arrestation de Kirill Vychinski, chef du site RIA Novosti Ukraine, qui a la double citoyenneté russe et ukrainienne. Il est accusé de haute trahison. Jeudi, le tribunal de la ville ukrainienne de Kherson a prononcé sa mise en détention provisoire de deux mois.
Les réseaux sociaux ont condamné cette violation des droits des journalistes avec le hashtag #TruthNotTreason.