Empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal, attaque chimique présumée à Douma, les frappes américano-britanno-françaises en tant que message d'intimidation pour Damas et Moscou — dans le contexte pour le moins tendu de ces derniers mois, le terrain ne semble en rien favorable pour aborder un allègement des sanctions imposées à la Russie. Quel est alors l'état des choses en la matière et faut-il évoquer la perspective de leur levée comme totalement inimaginable?
«Même si tout le monde a compris que c'était d'abord un tout petit spectacle et que finalement c'était une opération-communication, en somme des feux d'artifice, mais sans efficacité militaire — Emmanuel Macron a reconnu tout de suite qu'il n'y avait pas une action de guerre contre la Russie ou contre la Syrie — mais malgré tout, ça a abouti quand même à une action de guerre contre la Syrie», a expliqué le vice-président du Front national (FN) Nicolas Bay. «Même s'ils présentent le contraire, la réalité est que c'est une action de guerre contre la Syrie.»
Comment réussir dans la bataille pour la levée des sanctions?
Tandis que les puissances économiques ne veulent naturellement pas être les victimes des sanctions contre la Russie, M.Bay qualifie plutôt la question de leur levée de «distincte» de la situation en Syrie.
Dans ce contexte tendu, il n'y a qu'un seul moyen d'œuvrer pour leur levée: «il faut que les voix s'élèvent, c'est ce que nous en France allons faire au Parlement européen, en disant qu'aujourd'hui les sanctions contre la Russie sont très dommageables pour les pays d'Europe centrale et occidentale avec l'embargo qui en a été le résultat légitime», a pointé M.Bay.
La France reste en tête des pays agricoles en Europe sur lesquels pèse le fardeau des sanctions. Comme s'est plainte Isabelle Kocher, directrice générale d'Engie (ex-GDF Suez), ce sont les géants énergétiques qui souffrent des sanctions imposés par les États-Unis qui représentent une «ingérence inacceptable» sur les intérêts économiques européens.
Pour le vice-président du FN, c'est uniquement en argumentant, en expliquant que ce n'est pas en faisant la guerre froide à la Russie qu'on défendra efficacement les intérêts des pays du Vieux Continent. Et bientôt, ce message devrait être entendu, a-t-il espéré.
«Il peut y avoir une pression très forte sur les agriculteurs français qui souffrent vraiment, souffrent de la politique menée par l'Union européenne.»
Une Russie différente de ce qu'écrivent les médias
Un autre aspect de la campagne antirusse concerne son image dans les médias occidentaux qui ne manquent jamais l'occasion de la «maltraiter», de la présenter sous un mauvais jour, comme un pays arriéré.
En outre, la France et la Crimée ont une Histoire commune qui les lie à jamais et malgré tout: un grand cimetière avec des soldats français qui y reposent, à Sébastopol, puis des lieux historiques dans la République.
«Chaque jour, on a en mémoire cette relation entre la France et la Crimée quand on se promène à Paris, il y a beaucoup de lieux qui me la rappellent: il y a le pont de l'Alma [en la mémoire de la bataille de l'Alma en 1854, ndlr], le boulevard de Sébastopol [commémore le siège de Sébastopol, ndlr], la commune de Malakoff au sud de Paris [nom emprunté à celui d'une tour défensive près de Sébastopol, ndlr] — ils rappellent ce lien fort historique qui existe entre la France et la Crimée.»
Aujourd'hui, après que la Crimée est revenue au sein de la Russie, «sa position historique», la tâche est d'«accepter le choix du peuple de la Crimée et nous devons tout faire pour que la relation soit pacifiée, améliorée, parce que ça correspond aux liens d'amitié et d'Histoire entre les deux pays», a expliqué M.Bay.