Le déplacement de l'émir du Qatar à Moscou intervient à un moment difficile pour la monarchie arabe: le Conseil de coopération du Golfe (CCG), très puissant groupe régional économique, financier et politique regroupant six monarchies productrices de pétrole (Arabie saoudite, Koweït, Émirats arabes unis (EAU), Qatar, Oman et le Bahreïn) traverse une profonde crise, écrit jeudi 29 mars le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Cette démarche douloureuse a résulté d'une publication sur le Twitter officiel de l'émirat appelant ses voisins «à améliorer les relations avec Téhéran». Le gouvernement qatari a immédiatement démenti cet appel et après une investigation rigoureuse, la chaîne CNN a confirmé qu'il s'agissait d'un fake.
Des politiciens et des hommes d'affaires malhonnêtes ont profité de la crise du Golfe. L'entrepreneur américain George Nader et le grand donateur du parti républicain Elliott Broidy, profitant de leur amitié avec Donald Trump, lui ont soufflé l'idée de renvoyer Rex Tillerson du poste de secrétaire d'État et de mener une politique étrangère dans l'intérêt de l'Arabie saoudite et des EAU. C'est ce qu'a récemment rapporté le New York Times, se référant aux copies de centaines de documents de Nader et de Broidy.
Mais laissons cette sale histoire sur la conscience de ses auteurs et revenons au Qatar. Ce dernier a réussi à minimiser les pertes entraînées par le blocus. «La situation liée au conflit n'a aucunement influencé la coopération dans le domaine énergétique dans la région. On espère qu'il sera bientôt réglé», a déclaré le ministre koweïtien du Pétrole Bkhit al-Rachidi. Et d'ajouter: «Les discussions ne s'arrêtent pas. Nous espérons que cette question sera rapidement réglée».
Selon le ministre qatari de l'Économie et du Commerce Ahmed ben Jassem ben Mohamed al-Thani, cette année la croissance du PIB atteindra 2,6% contre 2% en 2017. La Qatar produit 77 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an, et selon les prévisions ce chiffre augmentera de 30% d'ici 2024. En pleine crise, le Qatar s'est attiré le soutien de grandes compagnies énergétiques. Les patrons d'Exxon Mobil, de Total et de Shell ont rencontré les autorités du pays, ont soutenu les projets d'augmentation de la production du gaz naturel liquéfié (GNL) et ont promis d'en acheter au Qatar.
Ces derniers temps, l'intégration économique et politique des pays du Golfe progresse clairement. Selon les analystes, les monarchies ne peuvent plus avancer vers leur objectif — le Marché commun — à pas de tortue. Ils cherchent à éviter les troubles inattendus provoqués par les fluctuations des prix du baril. L'un des principaux résultats de l'intégration a été la création d'un système commun d'alimentation en électricité. Les six membres investissent des pétrodollars dans les communications et les technologies de pointe. La coopération militaire est un domaine dans lequel le rôle de l'Arabie saoudite se ressent tout particulièrement. Le poing militaire commun fonctionne avec succès dans le cadre du programme «Bouclier du Golfe».
Le prochain sommet arabe annuel se tiendra à Riyad en mai et devrait être, comme à l'habitude, très chaleureux. Toutes les questions, même les plus épineuses, y sont réglées calmement et à l'amiable. Tout prête donc à penser que le conflit du Golfe pourrait être réglé en mai. Les six membres sont prêts à parer les défis du millénaire et se fixent des objectifs stratégiques allant bien au-delà de la production d'hydrocarbures.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.